André Cornélis. Paul Bourget
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Название: André Cornélis

Автор: Paul Bourget

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066084431

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СКАЧАТЬ Ma tante Louise a cru ainsi calmer les frénésies d'une sensibilité qui l'effraye. Pauvre femme! Ni la sollicitude de sa tendresse, ni les soins pieux de sa prévoyance,—elle vient de Compiègne à Versailles chaque dimanche pour me faire sortir,—ni mon travail,—car je redouble d'efforts pour que mon beau-père ne puisse pas triompher de mes mauvaises notes,—ni ma religion exaltée,—car je suis devenu le plus fervent de nous tous à la chapelle,—non, rien n'apaise l'espèce de démon intérieur qui me ravage l'âme. Durant les études du soir, et dans mes repos entre deux séances de travail, je relis une lettre dont l'enveloppe porte un timbre à l'effigie du roi Victor-Emmanuel. C'est ma pâture de la semaine que ces pages qui me viennent de maman. Elles me disent sur son voyage beaucoup de détails que je ne comprends guère. Ce que je comprends, c'est qu'elle est heureuse, sans moi, hors de moi;—c'est que la pensée de mon père et de sa mort mystérieuse ne la hante pas?—c'est surtout qu'elle aime son nouveau mari, et je suis jaloux, misérablement, vilainement jaloux. Mon imagination, qui a ses lacunes étranges, a ses minuties singulières... Je vois ma mère dans une chambre d'hôtel, et, disposées sur une table, les pièces de son nécessaire de voyage qui sont en vermeil avec son chiffre en relief, son prénom tout entier et la première lettre de son nom de femme entrelacée aux lettres de ce prénom: Marie C...—Ah! n'était-ce pas son droit de refaire loyalement son existence? Pourquoi renierait-elle son passé? Pourquoi ce mélange de ce passé à son présent me fait-il si mal,—si mal que tout à l'heure, au dortoir, étendu sur mon étroit lit de fer, je ne pourrai pas fermer les yeux?

      Qu'elles me semblaient longues, ces nuits, lorsque je me couchais sur cette impression-là, et comme je luttais en vain pour obtenir l'anéantissement de mon esprit dans le doux abîme du sommeil! Je demandais ce sommeil à Dieu, de toutes les forces de ma piété d'enfant. Je disais mentalement douze fois douze Pater et douze Ave,—et je ne dormais pas. J'essayais alors de me forger une chimère. J'appelais ainsi un bizarre pouvoir dont je me savais doué. Tout petit garçon, et une fois que je souffrais d'une rage de dents, j'avais fermé les yeux, ramené mon âme sur elle-même et forcé mon esprit à se représenter une scène heureuse dont je fusse le héros. J'avais pu ainsi aliéner ma sensation présente au point de ne plus me douter de mon mal. Maintenant, chaque fois que je souffre, je fais de même, et ce procédé me réussit presque toujours.—Je l'emploie en vain lorsqu'il s'agit de maman. Au lieu du tableau de félicité que j'évoque, l'autre tableau se présente, celui de l'intimité de l'être que j'aime le plus au monde avec l'homme que je hais le plus. Car je le hais, animalement, et sans que j'en puisse donner d'autre motif, sinon qu'il a pris la première place dans ce cœur qui fut tout à moi. Allons, j'entendrai les heures sonner, une fois au clocher d'une église voisine, et une fois à l'horloge de notre collège,—un tintement grave, puis un tintement grêle. J'entendrai le vieux Sorbelle marcher le long du dortoir, tristement éclairé de quelques quinquets, puis rentrer dans la chambre qu'il occupe à une des extrémités. Que les deux rangées de nos petits lits sont lugubres à regarder, avec leurs boules de cuivre qui brillent dans l'ombre, et le ronflement des dormeurs odieux à entendre! D'intervalle à intervalle, un veilleur passe, un ancien soldat à la face large, à la grosse moustache noire. Il est engoncé dans un caban de drap brun et porte une lanterne sourde. Est-ce qu'il n'a pas peur la nuit, tout seul, le long des escaliers de pierre du lycée où le vent s'engouffre avec un bruit sinistre? Que je n'aimerais pas à en descendre les marches, dans ce frisson des ténèbres, de crainte d'y rencontrer un revenant! Je chasse cette nouvelle idée, mais vainement encore, et puis je songe... Où est celui qui a tué mon père? Est-ce d'épouvante, est-ce d'horreur que je frémis à cette question? Et je songe toujours... Sait-il que je suis ici? Et la panique m'affole, et je me demande si l'assassin ne serait pas capable de se déguiser en garçon de collège pour venir me frapper à mon tour? Je recommande mon âme à Dieu, et c'est sur ces affreuses pensées que je m'endors enfin, très tard, pour être réveillé en sursaut à cinq heures et demie du matin, la tête lassée, les nerfs tendus, ma pauvre âme malade, d'une maladie qui ne peut pas guérir.

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