Les deux nigauds. Comtesse de Ségur
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Название: Les deux nigauds

Автор: Comtesse de Ségur

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066089054

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СКАЧАТЬ explication quelques mots piquants contre le gouvernement anglais dans les affaires de l'Europe.

      «Moi comprends pas», dit l'Anglais avec calme, et il resta silencieux; mais sa rougeur, son air mécontent prouvaient qu'il avait compris.

      Prudence approuvait le Polonais du sourire; on approchait du Mans; les Polonais espéraient voir récompenser leur persévérance à aider et soutenir Prudence et ses enfants par une invitation à dîner.

      Leur espoir ne fut pas trompé. Quand le train s'arrêta et que 4es Polonais eurent fait comprendre à Prudence que les voyageurs descendaient pour dîner, elle sortit du wagon avec Innocent et Simplicie, escortée de ses deux gardes du corps, qui la firent placer à table. Ils allaient faire mine de se retirer, quand Prudence, effrayée du bruit et du mouvement. leur proposa de se mettre à fable avec eux et de les faire servir. Les Polonais se regardèrent d'un air triomphant et prirent place, l'un à la droite, l'autre à la gauche de leurs trois protégés et bienfaiteurs. Le service se fit rapidement; Prudence et les enfants mangeaient et buvaient comme s'ils avaient la soirée devant eux; mais les Polonais dévoraient avec rapidité; ils connaissaient le prix du temps en chemin de fer.

      Quand les employés crièrent: «En voiture. Messieurs! en voiture!» les Polonais avaient bu et mangé tout ce qu'ils avaient devant eux et tout ce qu'on leur avait servi. Prudence et les enfants commençaient leur rôti.

      —Comment! en voiture! Mais, nous n'avons pas fini. Dites donc, conducteur, attendez un peu; laissez-nous finir, dit Prudence, alarmée.

      La cloche sonna. «En voiture. Messieurs!» fut la seule réponse qu'elle reçut. Les Polonais se chargèrent du paiement avec la bourse de Prudence; elle profita de ces courts instants pour remplir ses poches de poulet, de gâteaux, de pommes, et se laissa entraîner ensuite par les Polonais. Ils lui firent retrouver son wagon qu'elle avait perdu, et chacun reprit sa place, excepté le milord, qui avait changé de compartiment et l'homme ivre, qu'on avait tiré du wagon et qu'on avait couché sur un des bancs de la salle des bagages.

       Table des matières

      ARRIVÉE ET DÉSAPPOINTEMENT

      Simplicie et Innocent achevèrent leur voyage silencieusement comme ils l'avaient commencé. Ils furent enchantés d'arriver enfin à Paris, objet de leurs voeux. Ils s'attendaient à voir leur tante avec ses gens et une voiture, les attendant à la gare. Personne ne vint les réclamer. Les enfants, étaient désappointés; Prudence était effrayée. Qu'allaient-ils devenir, au milieu de ce monde agité, de ce bruit? Heureusement, les Polonais étaient encore à ses côtés et l'aidèrent, comme à Redon, à sortir d'embarras. Quand elle eut sa malle, quand les Polonais lui eurent fait avancer un fiacre et l'y eurent fait entrer en lui demandant où il fallait aller, la pauvre Prudence resta terrifiée; elle avait oublié l'adresse dela, tante des enfants et elle ne retrouvait pas sur elle la lettre que M. Gargilier lui avait remise pour sa soeur.

      La terreur de Prudence gagna les enfants; ils se mirent à pleurer. Le cocher s'impatientait; les Polonais ne bougeaient pas; un nouvel espoir se glissait dans leur coeur. Prudence serait obligée de coucher dans un hôtel, ils lui offriraient de la garder jusqu'à ce qu'elle eût retrouvé la tante perdue, et ils vivraient jusque-là sans rien dépenser.

      —Que faire? où aller? s'écria Prudence éperdue.

      —Malheureux voyage! s'écria Simplicie.

      —Où coucherons-nous? s'écria Innocent.

      —Ça pas difficile, dit un des Polonais. Moi connaître hôtel excellent pour coucher et manger.

      —Excellents Polonais! sauvez-nous. Menez-nous dans quelque maison où mes jeunes maîtres soient en sûreté, et ne nous quittez pas, ne nous abandonnez pas.

      —Rue de la Clef, 25! s'écrièrent les Polonais en sautant dans le fiacre.

      —C'est diablement loin, murmura le cocher en refermant la portière avec humeur.

      Le fiacre se mit en route; Prudence tranquillisée par la présence de ses sauveurs, se mit à regarder avec une admiration croissante les boutiques, les lanternes, le mouvement incessant des voitures et des piétons.

      Le coeur des Polonais nageait dans la joie; leur petite bourse restait intacte; ils avaient vécu toute la journée aux dépens des Gargilier, et ils étaient certains de pouvoir continuer leur protection intéressée pendant deux ou trois jours encore.

      Innocent et Simplicie pleuraient leurs espérances trompées; ils étaient humiliés, désolés et déjà découragés. Les exclamations de Prudence les tirèrent pourtant de leur abattement, et ils admirèrent à leur tour, en longeant les quais, cette longue file de lumières reflétée dans l'eau et ces boutiques si bien éclairées.

      Enfin, ils arrivèrent rue de la Clef, 25. La maison était de pauvre apparence; les Polonais descendirent et demandèrent les logements nécessaires. Il fallut payer d'avance, Prudence leur remit dix francs, prix des cinq lits nécessaires pour la nuit. On descendit la malle de dessus l'impériale; on la monta le long de l'escalier sale, sombre et infect qui, menait aux logements arrêtés, et on entra dans un appartement composé de deux pièces; la première était sans croisées et contenait deux lits pour les Polonais. La seconde avait une fenêtre et trois lits pour Prudence et les enfants. On leur apporta leur malle, une chandelle pour eux et une autre pour la première pièce.

      —Madame a-t-elle besoin de quelque chose? demanda la fille.

      —Rien, rien, répondit tristement Prudence.

      La fille se retira en fermant la porte; les Polonais avaient allumé chacun leur pipe; ils fumaient et chantaient à mi-voix: Bozé cos Polski en action de grâces de la bonne chance que le bon Dieu leur avait envoyée.

      —Nous heureux! nous heureux! disait à mi-voix Cozrgbrlewski.

      —Pourvu cela dure, répondit de même Boginski. Si elle ne peut avoir l'adressé qu'en écrivant à père!

      COZRGBRLEWSKI.—Non! non, pas comme ça! Est facile à arranger. Nous aiderons à défaire paquets et chercher lettre; et si je trouve!

      BOGINSKI.—Que feras-tu?

      COZRGBRLEWSKI.—Tu verras! Ferons chose ensemble.

      —Messieurs les Polonais, êtes-vous couchés? dit la voix lamentable de

       Prudence.

      —Mon, non, Madame; toujours à votre service, répondirent-ils d'un commun accord en s'élançant dans la chambre.

      —Je ne trouve pas la clef de ma malle; nos effets de nuit sont dedans; nous ne pouvons rien avoir.

      —Mille tonnerres! Comment faire, Boginski?

      —Donne-moi quelque chose; as-tu un crochet?

      Cozrgbrlewski tira de sa poche un crochet; il le fit entrer lui-même dans la serrure de la malle, tourna, retourna, et, à force de tourner et de fouiller, il parvint à ouvrir la malle. La première chose qu'il aperçut fut la lettre de M, Gargilier à Mme Bonbeck, rue Godot, No 15. Il répéta СКАЧАТЬ