Les contemplations: Aujourd'hui, 1843-1856. Victor Hugo
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Название: Les contemplations: Aujourd'hui, 1843-1856

Автор: Victor Hugo

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066082796

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      Autour de nous, comme au saint lieu,

      Et voir sous les doigts de ces anges

      Tressaillir le livre de Dieu!

      Octobre 1846.

      

       Table des matières

      A qui donc sommes-nous? Qui nous a? qui nous mène?

      Vautour fatalité, tiens-tu la race humaine?

      Oh! parlez, cieux vermeils,

      L'âme sans fond tient-elle aux étoiles sans nombre?

      Chaque rayon d'en haut est-il un fil de l'ombre

      Liant l'homme aux soleils?

      Est-ce qu'en nos esprits, que l'ombre a pour repaires,

      Nous allons voir rentrer les songes de nos pères?

      Destin, lugubre assaut!

      O vivants, serions-nous l'objet d'une dispute?

      L'un veut-il notre gloire, et l'autre notre chute?

      Combien sont-ils là-haut?

      Jadis, au fond du ciel, aux yeux du mage sombre,

      Deux joueurs effrayants apparaissaient dans l'ombre.

      Qui craindre? qui prier?

      Les Manès frissonnants, les pâles Zoroastres

      Voyaient deux grandes mains qui déplaçaient les astres

      Sur le noir échiquier.

      Songe horrible! le bien, le mal, de cette voûte

      Pendent-ils sur nos fronts? Dieu, tire-moi du doute

      O sphinx, dis-moi le mot!

      Cet affreux rêve pèse à nos yeux qui sommeillent,

      Noirs vivants! heureux ceux qui tout à coup s'éveillent

      Et meurent en sursaut!

      Villequier, 4 septembre 1845.

      

       Table des matières

      O souvenirs! printemps! aurore!

      Doux rayon triste et réchauffant!

      --Lorsqu'elle était petite encore,

      Que sa soeur était tout enfant...--

      Connaissez-vous sur la colline

      Qui joint Montlignon à Saint-Leu,

      Une terrasse qui s'incline

      Entre un bois sombre et le ciel bleu?

      C'est là que nous vivions.--Pénètre,

      Mon coeur, dans ce passé charmant!--

      Je l'entendais sous ma fenêtre

      Jouer le matin doucement.

      Elle courait dans la rosée,

      Sans bruit, de peur de m'éveiller;

      Moi, je n'ouvrais pas ma croisée,

      De peur de la faire envoler.

      Ses frères riaient...--Aube pure!

      Tout chantait sous ces frais berceaux,

      Ma famille avec la nature,

      Mes enfants avec les oiseaux!--

      Je toussais, on devenait brave;

      Elle montait à petits pas,

      Et me disait d'un air très-grave:

      «J'ai laissé les enfants en bas.»

      Qu'elle fût bien ou mal coiffée,

      Que mon coeur fût triste ou joyeux,

      Je l'admirais. C'était ma fée,

      Et le doux astre de mes yeux!

      Nous jouions toute la journée.

      O jeux charmants! chers entretiens!

      Le soir, comme elle était l'aînée,

      Elle me disait: «Père, viens!

      «Nous allons t'apporter ta chaise,

      Conte-nous une histoire, dis!»--

      Et je voyais rayonner d'aise

      Tous ces regards du paradis.

      Alors, prodiguant les carnages,

      J'inventais un conte profond

      Dont je trouvais les personnages

      Parmi les ombres du plafond.

      Toujours, ces quatre douces têtes

      Riaient, comme à cet âge on rit,

      De voir d'affreux géants très-bêtes

      Vaincus par des nains pleins d'esprit.

      J'étais l'Arioste et l'Homère

      D'un poëme éclos d'un seul jet;

      Pendant que je parlais, leur mère

      Les regardait rire, et songeait.

      Leur aïeul, qui lisait dans l'ombre,

      Sur eux parfois levait les yeux,

      Et, moi, par la fenêtre sombre

      J'entrevoyais un coin des cieux!

      Villequier, 4 septembre 1846.

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