Les contemplations: Aujourd'hui, 1843-1856. Victor Hugo
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Название: Les contemplations: Aujourd'hui, 1843-1856

Автор: Victor Hugo

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066082796

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СКАЧАТЬ viens à vous, Seigneur, père auquel il faut croire;

      Je vous porte, apaisé,

      Les morceaux de ce coeur tout plein de votre gloire

      Que vous avez brisé;

      Je viens à vous, Seigneur! confessant que vous êtes

      Bon, clément, indulgent et doux, ô Dieu vivant!

      Je conviens que vous seul savez ce que vous faites,

      Et que l'homme n'est rien qu'un jonc qui tremble au vent;

      Je dis que le tombeau qui sur les morts se ferme

      Ouvre le firmament;

      Et que ce qu'ici-bas nous prenons pour le terme

      Est le commencement;

      Je conviens à genoux que vous seul, père auguste,

      Possédez l'infini, le réel, l'absolu;

      Je conviens qu'il est bon, je conviens qu'il est juste

      Que mon coeur ait saigné, puisque Dieu l'a voulu!

      Je ne résiste plus à tout ce qui m'arrive

      Par votre volonté.

      L'âme de deuils en deuils, l'homme de rive en rive,

      Roule à l'éternité.

      Nous ne voyons jamais qu'un seul côté des choses;

      L'autre plonge en la nuit d'un mystère effrayant.

      L'homme subit le joug sans connaître les causes.

      Tout ce qu'il voit est court, inutile et fuyant.

      Vous faites revenir toujours la solitude

      Autour de tous ses pas.

      Vous n'avez pas voulu qu'il eût la certitude

      Ni la joie ici-bas!

      Dès qu'il possède un bien, le sort le lui retire.

      Rien ne lui fut donné, dans ses rapides jours,

      Pour qu'il s'en puisse faire une demeure, et dire:

      C'est ici ma maison, mon champ et mes amours!

      Il doit voir peu de temps tout ce que ses yeux voient;

      Il vieillit sans soutiens.

      Puisque ces choses sont, c'est qu'il faut qu'elles soient;

      J'en conviens, j'en conviens!

      Le monde est sombre, ô Dieu! l'immuable harmonie

      Se compose des pleurs aussi bien que des chants;

      L'homme n'est qu'un atome en cette ombre infinie,

      Nuit où montent les bons, où tombent les méchants.

      Je sais que vous avez bien autre chose à faire

      Que de nous plaindre tous,

      Et qu'un enfant qui meurt, désespoir de sa mère,

      Ne vous fait rien, à vous!

      Je sais que le fruit tombe au vent qui le secoue;

      Que l'oiseau perd sa plume et la fleur son parfum;

      Que la création est une grande roue

      Qui ne peut se mouvoir sans écraser quelqu'un;

      Les mois, les jours, les flots des mers, les yeux qui pleurent,

      Passent sous le ciel bleu;

      Il faut que l'herbe pousse et que les enfants meurent;

      Je le sais, ô mon Dieu!

      Dans vos cieux, au delà de la sphère des nues,

      Au fond de cet azur immobile et dormant,

      Peut-être faites-vous des choses inconnues

      Où la douleur de l'homme entre comme élément.

      Peut-être est-il utile à vos desseins sans nombre

      Que des êtres charmants

      S'en aillent, emportés par le tourbillon sombre

      Des noirs événements.

      Nos destins ténébreux vont sous des lois immenses

      Que rien ne déconcerte et que rien n'attendrit.

      Vous ne pouvez avoir de subites démences

      Qui dérangent le monde, ô Dieu, tranquille esprit!

      Je vous supplie, ô Dieu! de regarder mon âme,

      Et de considérer

      Qu'humble comme un enfant et doux comme une femme

      Je viens vous adorer!

      Considérez encor que j'avais, dès l'aurore,

      Travaillé, combattu, pensé, marché, lutté,

      Expliquant la nature à l'homme qui l'ignore,

      Éclairant toute chose avec votre clarté;

      Que j'avais, affrontant la haine et la colère,

      Fait ma tâche ici-bas,

      Que je ne pouvais pas m'attendre à ce salaire,

      Que je ne pouvais pas

      Prévoir que, vous aussi, sur ma tête qui ploie,

      Vous appesantiriez votre bras triomphant,

      Et que, vous qui voyiez comme j'ai peu de joie,

      Vous me reprendriez si vite mon enfant!

      Qu'une âme ainsi frappée à se plaindre est sujette,

      Que j'ai pu blasphémer,

      Et vous jeter mes cris comme un enfant qui jette

      Une pierre à la mer!

      Considérez qu'on doute, ô mon Dieu! quand on souffre,

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