Les vrais mystères de Paris. Eugène François Vidocq
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Les vrais mystères de Paris - Eugène François Vidocq страница 7

Название: Les vrais mystères de Paris

Автор: Eugène François Vidocq

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066080952

isbn:

СКАЧАТЬ Son costume se composait d'une veste bleue à boutons noirs en os, d'un large pantalon de coutil à raies rouges, retenu sur les hanches par une ceinture en escot de même couleur; sa chemise de cotonnade à carreaux, était fermée sur sa poitrine par une petite ancre d'argent à facettes, et de dessous son chapeau de cuir verni, de forme très-basse et à larges bords, s'échappaient de grosses boucles de cheveux d'un noir d'ébène.

      Cet homme qui portait le costume des conducteurs de bateaux, n'était pas cependant un de ces laborieux ouvriers, car ses mains n'accusaient pas les rudes travaux auxquels ils se livrent.

      —Douze plombes crossent à la vergne, l'instant de la décarade[101] est arrivé, continua-t-il, avancez à l'ordre, et que chacun tâche de faire son profit de ce que je vais lui dire; à vous, messieurs les fourlineurs[102].

      Deux hommes parfaitement costumés, habit à la française, chapeau Gibus, bottes vernies et le reste, s'avancèrent près de lui.

      —Messieurs Mimi et Lenain, c'est vous qui sonderez les valades[103] au foyer de l'Opéra; Dejean la Main d'or et Petit Crépine, seront à l'encarrade[104]; Maladetta et Lion le Taffeur, à la décarrade[105]; vous pouvez sans taffetas vous esbatre dans la trêpe[106], toutes les mesures sont prises en conséquence, de tous les rousses[107] que la police a envoyés au bal de l'Opéra, un seul est à craindre, c'est le coup de deux[108]; au reste, c'est le seul qui vous connaisse; mais le grand Richard est chargé de ne pas le quitter, et lorsqu'il le verra se diriger de votre côté, il vous fera le saint Jean[109] et vous rengracierez, il faudra que ce rousse ait bien du vice, s'il vous paume marron[110] voilà vos taillebins d'encarrade, camoufflez-vous avec des doubles vanternes[111], et bonne chance.

      Vous, Robert et Cadet Vincent, mettez une blouse par-dessus vos vêtements, allez à la flan[112] et ne passez pas sans vous arrêter devant les boucards bons à esquinter[113]. Voilà un jeu de carouble et une ripe[114] dont vous me direz des nouvelles.

      Les charrieurs à la mécanique[115] ne sortiront que vers deux ou trois heures pour épouffer[116] les panés qui quitteront le bal sans roulotte[117].

      Les Goupineurs de poivriers[118] et les saute-dessus peuvent se donner de l'air; Délicat et Coco-Desbraises exploiteront les boulevards et le quartier du Temple, Biscuit et Cornet tape Dur les rues environnant les halles.

      Les deux mômes[119] et Lasaline iront à la chasse aux bleus[120], surtout, mes amis, pas d'esgard[121] et que chacun respecte notre devise: probité quand même.

      Ce discours de l'homme au costume de marinier que nous n'avons rapporté que parce qu'il nous fournissait l'occasion de nommer quelques-uns des personnages qui doivent figurer dans cette histoire, fut débité tout d'une haleine, d'une voix brève et avec un accent qui ne permettait pas à l'observation le droit de se faire place, il fut écouté avec la plus sérieuse attention, et lorsqu'il fut achevé, chacun se disposa à se rendre au poste qui lui avait été indiqué.

      Le marinier sortit après avoir dit quelques mots à la vieille femme placée au comptoir.

      —C'est bien Rupin[122], c'est bien, lui répondit-elle on exécutera tes ordres, mon garçon, voilà un carouble[123], allons, mes poulettes, continua-t-elle en s'adressant à ses odalisques, il y aura gras pendant la sorgue[124] au dodo.

      Les femme allèrent se coucher, et il ne resta dans la salle où nous avons introduit le lecteur que ceux qui ne devaient sortir que beaucoup plus tard.

      La maîtresse du lieu n'avait pas quitté la place qu'elle occupait et continuait à caresser sa bouteille. La sourde rumeur qui partait de l'arrière-salle n'inquiétait pas la vieille femme qui connaissait par expérience la turbulence de ses habitués.

      Un individu dont la physionomie décelait l'odieux caractère, prit la parole après le départ de Rupin, c'était Délicat qui venait d'échanger quelques paroles avec Coco-Desbraises.

      —Sommes-nous les larbins[125] de Rupin pour qu'il se donne le genre de nous envoyer au vague[126], dit-il, allez, qu'il nous dit, esquintez les boucards et les cambriolles[127] escarpez les messières et balancez-les à la lance, mais aboulez icigo le pèze, les bogues les bêtes à cornes la blanquette et toute la camelotte; je solirai le tout et je prendrai double fade pour mézigue[128], est-ce juste ça?

      —Non, non, ça n'est pas juste, dirent tous ceux qui avaient écouté Délicat.

      —Mais ça n'est pas tout, continua ce dernier, il faut coquer leur fade à ces batteurs d'entifles qui ne goupinent que du chiffon rouge, ils nous coquent, c'est vrai, des affaires qui ne sont pas mouchiques, mais pour notre truc cela n'est pas nécessaire; nous trouvons en baladant tout ce qu'il nous faut[129].

      —C'est vrai tout de même, reprit un homme que les autres nommaient Mauvais gueux, surnom que du reste il méritait à tous égards. C'est donc pour les regarder faire les mecs[130] que nous courons le risque de nous faire gerber à vioque ou à la passe[131], c'est être par trop melon que de flouer si grand flouant[132] pour des particuliers qui nous nazent[133] lorsqu'ils nous rencontrent dans la rue.

      —Et qui vous disent: Monsieur, je n'ai pas l'honneur de vous connaître, si vous leur offrez un petit canon, ajouta Coco-Desbraises.

      —Si vous aviez autant de toupet[134] que moi, vous ne coqueriez quelpoique à ces épateurs[135].

      —Il ne faut plus risquer notre viande pour ces frileux[136].

      —Des frileux! s'écria un individu qui n'avait pas encore parlé, des frileux, vous ne bonniriez pas de pareilles loffitudes si vous les aviez vus à l'ouvrage[137]; des frileux eux qui escarperaient[138] le Père éternel plutôt que de se laisser agrafer[139], au surplus ce n'est pas pendant qu'ils sont absents qu'il faut les écorner[140], quand ils seront là à la bonne heure.

      —Ecoutez, Vernier les bas bleus, si vous voulez vous faire esquinter[141], reprit Délicat, allez-vous y faire mordre, Rupin et ce brigand de Provençal vous arrangeront comme ils ont arrangé le grand Louis et Charles la belle cravate.

      —Vous me faites tous suer avec vos boniments[142], dit Mauvais gueux, c'est-y donc si difficile que de se débarrasser de ces messieurs, si vous voulez me faire none[143], je me charge de régler leur compte.

      —C'est-ty du flan[144], dit Coco-Desbraises, si c'en est, je vais vous communiquer une idée lumineuse.

      —Voyons ton idée, ton idée, s'écrièrent-ils tous.

      —Eh bien! si vous êtes tous d'accord il y aura un bon chopin[145] et sans morasse[146]. On filera[147] ces deux particuliers de sorte qu'on saura où ils perchent[148], on restera à la planque[149] très-tard et le lendemain on sera à leur porte à six heures du matin pour les voir décarrer[150], à la première occasion, on les estourbira[151], et lorsqu'ils seront refroidis[152], on enquillera[153] chez eux.

      —Bravo! bravo! s'écria toute la bande.

      —Que ceux qui veulent qu'on refroidisse les Rupins lèvent la main, dit Délicat.

СКАЧАТЬ