Название: Les petites filles modèles
Автор: Comtesse de Ségur
Издательство: Bookwire
Жанр: Книги для детей: прочее
isbn: 4064066074869
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«Ne t'effraye pas, ma petite Marguerite; ce ne sera rien, je pense. Tous les jours, matin et soir, tu tremperas ta main dans l'eau salée pendant un quart d'heure; tous les jours tu mangeras deux fortes pincées de sel et une petite gousse d'ail. Dans huit jours ce sera fini.
—Maman, dit Camille, n'en parlons pas à Mme de Rosbourg, elle serait trop inquiète.
—Tu as raison, chère enfant, dit Mme de Fleurville en l'embrassant. Nous le lui raconterons dans un mois.»
Camille et Madeleine recommandèrent bien à Marguerite de ne rien dire à sa maman, pour ne pas la tourmenter. Marguerite, qui était obéissante et qui n'était pas bavarde, n'en dit pas un mot. Pendant huit jours elle fit exactement ce que lui avait ordonné Mme de Fleurville; au bout de trois jours sa petite main était guérie.
Après un mois, quand tout danger fut passé, Marguerite dit un jour à sa maman:
«Maman, chère maman, vous ne savez pas que votre pauvre Marguerite a manqué mourir.
—Mourir, mon amour! dit la maman en riant. Tu n'as pas l'air bien malade.
—Tenez, maman, regardez ma main. Voyez-vous cette toute petite tache rouge?
—Oui, je vois bien; c'est un cousin qui t'a piquée!
—C'est un chien enragé qui m'a mordue.»
Mme de Rosbourg poussa un cri étouffé, pâlit et demanda d'une voix tremblante:
«Qui t'a dit que le chien était enragé? Pourquoi ne me l'as-tu pas dit tout de suite?
—Mme de Fleurville m'a recommandé de faire bien exactement ce qu'elle avait dit, sans quoi je deviendrais enragée et je mourrais. Elle m'a défendu de vous en parler avant un mois, chère maman, pour ne pas vous faire peur.
—Et qu'a-t-on fait pour te guérir, ma pauvre petite? Est-ce qu'on a appliqué un fer rouge sur la morsure?
—Non, maman, pas du tout. Mme de Fleurville, Camille et Madeleine m'ont tout de suite lavé la main à grande eau dans un seau, puis elles me l'ont fait tremper dans de l'eau salée, longtemps, longtemps; elles m'ont fait faire cela tous les matins et tous les soirs, pendant une semaine, et m'ont fait manger, tous les jours, deux pincées de sel et de l'ail.»
Mme de Rosbourg embrassa Marguerite avec une vive émotion, et courut chercher Mme de Fleurville pour avoir des renseignements plus précis.
Mme de Fleurville confirma le récit de la petite et rassura Mme de Rosbourg sur les suites de cette morsure.
«Marguerite ne court plus aucun danger, chère amie, soyez-en sûre; l'eau est le remède infaillible pour les morsures des bêtes enragées; l'eau salée est bien meilleure encore. Soyez bien certaine qu'elle est sauvée.»
Mme de Rosbourg embrassa tendrement Mme de Fleurville; elle exprima toute la reconnaissance que lui inspiraient la tendresse et les soins de Camille et de Madeleine, et se promit tout bas de la leur témoigner à la première occasion.
VII
CAMILLE PUNIE
Il y avait à une lieue du château de Fleurville une petite fille âgée de six ans, qui s'appelait Sophie. A quatre ans, elle avait perdu sa mère dans un naufrage; son père se remaria et mourut aussi peu de temps après. Sophie resta avec sa belle-mère, Mme Fichini; elle était revenue habiter une terre qui avait appartenu à M. de Réan, père de Sophie. Il avait pris plus tard le nom de Fichini, que lui avait légué, avec une fortune considérable, un ami mort en Amérique; Mme Fichini et Sophie venaient quelquefois chez Mme de Fleurville. Nous allons voir si Sophie était aussi bonne que Camille et Madeleine.
Un jour que les petites sœurs et Marguerite sortaient pour aller se promener, on entendit le roulement d'une voiture, et, bientôt après, une brillante calèche s'arrêta devant le perron du château; Mme Fichini et Sophie en descendirent.
«Bonjour, Sophie, dirent Camille et Madeleine; nous sommes bien contentes de te voir; bonjour, madame, ajoutèrent-elles en faisant une petite révérence.
—Bonjour, mes petites; je vais au salon voir votre maman. Ne vous dérangez pas de votre promenade; Sophie vous accompagnera. Et vous, mademoiselle, ajouta-t-elle en s'adressant à Sophie d'une voix dure et d'un air sévère, soyez sage, sans quoi vous aurez le fouet au retour.»
Sophie n'osa pas répliquer; elle baissa les yeux. Mme Fichini s'approcha d'elle les yeux étincelants:
«Vous n'avez pas de langue pour répondre, petite impertinente!
—Oui, maman», s'empressa de répondre Sophie.
Mme Fichini jeta sur elle un regard de colère, lui tourna le dos et entra au salon.
Camille et Madeleine étaient restées stupéfaites.
Marguerite s'était cachée derrière une caisse d'oranger. Quand Mme Fichini eut fermé la porte du salon, Sophie leva lentement la tête, s'approcha de Camille et de Marguerite, et dit tout bas:
«Sortons; n'allons pas au salon: ma belle-mère y est.
CAMILLE.
Pourquoi ta belle-mère t'a-t-elle grondée, Sophie? Qu'est-ce que tu as fait?
SOPHIE.
Rien du tout. Elle est toujours comme cela.
MADELEINE.
Allons dans notre jardin, où nous serons bien tranquilles. Marguerite, viens avec nous.
SOPHIE, apercevant Marguerite.
Ah! qu'est-ce que c'est que cette petite? je ne l'ai pas encore vue.
CAMILLE.
«C'est notre petite amie, et une bonne petite fille; tu ne l'as pas encore vue, parce qu'elle était malade quand nous avons été te voir et qu'elle n'a pu venir avec nous; j'espère, Sophie, que tu l'aimeras. Elle s'appelle Marguerite.»
Madeleine raconta à Sophie comment elles avaient fait connaissance avec Mme de Rosbourg. Sophie embrassa Marguerite, et toutes quatre coururent au jardin.
SOPHIE.
Les belles fleurs! Mais elles sont bien plus belles que les miennes. Où avez-vous eu ces magnifiques œillets, ces beaux géraniums et ces charmants rosiers? Quelle délicieuse odeur!
MADELEINE.
C'est Mme de Rosbourg qui СКАЧАТЬ