Название: Directive Principale
Автор: Джек Марс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Жанр: Триллеры
isbn: 9781094312781
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À l’origine, Swann et Newsam s’étaient liés parce qu’ils aimaient tous les deux Public Enemy, le groupe de rap des années 1980, et parce qu’ils avaient le même sens de l’humour sarcastique. Maintenant, ils avaient trouvé Dieu sait quel autre intérêt commun. L’énergie des jeunes mâles ? Des possibilités infinies ?
Les hommes étaient heureux et se préparaient à un autre voyage au milieu de nulle part. C’était bien. Il fallait que ces hommes soient parfaitement compétents et aient l’esprit vif.
De son côté, Luke était beaucoup moins enthousiaste. Il se sentait épuisé, plus sur le plan émotionnel que physique. Évidemment, il était le seul homme ici présent à avoir un nouveau-né, une femme en colère et une belle-mère de connivence avec sa fille. Il était aussi le seul à avoir fait l’aller-retour de trois heures de New-York à l’Eastern Shore.
De leur côté, Newsam et Swann étaient allés au Red Lobster et paraissaient avoir bu quelques verres tout en mangeant leurs fruits de mer.
— Êtes-vous prêts à travailler, les gars ? dit Luke.
Ed haussa les épaules.
— Depuis ma naissance.
— Rock and roll, répéta Swann.
Le jet Lear à six sièges fendait le ciel vers le nord-est. Le jet était bleu foncé et n’avait aucune marque de quelque sorte que ce soit. Ils étaient partis d’un petit aéroport privé situé à l’ouest de la ville vingt minutes auparavant. Cet avion aurait pu être celui d’un PDG en voyage d’affaires ou d’un groupe de gosses riches partis s’amuser en Europe.
Derrière eux et à leur gauche, le soleil du début de soirée se couchait. Devant eux et à leur droite, la nuit arrivait rapidement.
À des moments comme celui-là, Luke avait toujours l’impression de plonger dans quelque chose qui le dépassait. Les missions ne l’inquiétaient pas. Il était nerveux, mais il n’avait pas vraiment peur. Il avait vu tant de scènes de combat que très peu de choses le privaient de son assurance. Ce qu’il ne comprenait pas, c’était le contexte.
Pourquoi ? Pourquoi faisaient-ils ça ? Pourquoi les acteurs principaux faisaient-ils ce qu’ils faisaient ? Pourquoi y avait-il des terroristes et des groupes de terroristes ? Pourquoi la Russie, l’Amérique et de nombreux autres pays s’affrontaient-ils toujours en coulisse, tiraient-ils les ficelles et agissaient-ils comme des éminences grises ?
Quand il avait été plus jeune, ces questions ne l’avaient jamais préoccupé. La compréhension de la géopolitique ne faisait pas partie de son travail. Il y avait des hommes bons ici et des hommes mauvais là-bas.
Il avait eu l’habitude de citer inexactement ces vers d’un poème célèbre : « La charge de la brigade légère ». Au lieu de « Ce n’est pas à eux de discuter ni de chercher à comprendre », il avait dit « Ce n’est pas à nous de discuter ni de chercher à comprendre ». Pendant des années, il avait utilisé ces vers comme une sorte de devise.
Cependant, maintenant, il voulait en savoir plus. Il ne lui suffisait plus de tuer et de mourir pour des raisons que l’on n’expliquait jamais. Peut-être le suicide de Martinez lui avait-il finalement imposé la nécessité du doute.
Pour le moment, la source de la plus grande partie de ce qu’il savait était une femme qui avait presque dix ans de moins que lui. Il se retourna vers Trudy Wellington, leur agent scientifique et de renseignement, qui était assise une rangée derrière eux.
Elle était en tenue décontractée : un jean, un tee-shirt bleu et des chaussettes roses. Le tee-shirt avait deux mots courts imprimés sur le devant en petites lettres blanches : Soyez Gentil. Quand ils étaient montés dans l’avion, elle avait enlevé ses tennis. Elle était blottie sur son siège avec un porte-bloc, un dossier épais et un tas de papiers. Elle les lisait attentivement et y marquait des choses avec un stylo. Depuis le décollage, elle avait à peine parlé.
Elle sentit que Luke la regardait et leva le regard. Elle avait de grands yeux derrière ses lunettes rouges rondes. Elle était belle.
Trudy … que se passait-il donc dans sa tête ?
— Oui ? dit-elle.
Luke sourit.
— Je me suis dit que vous pourriez nous expliquer ce que nous faisons tous ici. Au briefing, on ne nous a presque rien dit parce que la majorité de ces informations sont ultra-secrètes. Quand Don a accepté la mission, il a dit que vous sauriez ce qui se passait quand nous serions dans l’avion.
À présent, Ed et Swann les regardaient.
— Or, officiellement, nous sommes dans l’avion, dit Swann.
Luke jeta un nouveau coup d’œil par son hublot. Le soleil était loin derrière eux, maintenant, et le jour sombrait dans le néant. Dans quelques heures, quand ils seraient plus loin vers l’est, le ciel commencerait à s’éclaircir. Luke regarda sa montre. Il était presque vingt-et-une heures.
— Alors, Trudy ? Vous êtes prête à nous divulguer votre savoir ?
Trudy fit une sorte bizarre de salut militaire avec sa main droite. C’était affreux. Luke évita de se tourner vers Ed de crainte de rire.
— Prête, capitaine.
Elle se leva et s’installa sur le siège de devant pour qu’ils soient réunis tous les quatre.
— Je vais supposer qu’aucun de vous n’a de connaissances préalables sur cette mission, les gens impliqués, l’état actuel de nos relations avec la Russie ou la tâche qu’on nous a attribuée, dit-elle. Cela pourra rendre cette conversation un peu plus longue que nécessaire, ou pas. Le but est de s’assurer que nous soyons tous sur la même longueur d’onde. Ça vous va ?
Luke hocha la tête.
— C’est bien.
— Ça me va, dit Ed.
— Le vol sera long, dit Swann.
Trudy hocha la tête.
— Dans ce cas, commençons.
Elle s’interrompit, inspira profondément et regarda la page qu’elle avait devant elle. Alors, elle se lança dans son histoire.
* * *
— Plus tôt dans la journée selon notre fuseau horaire et hier selon le leur, les Russes ont capturé le sous-marin de recherche américain Nereus dans les eaux internationales de la Mer Noire. La confrontation a eu lieu à environ deux-cent quarante-trois kilomètres au sud-est de la station balnéaire criméenne de Yalta. Oui, c’est l’endroit où la fameuse réunion a eu lieu entre FDR, Winston Churchill СКАЧАТЬ