Название: La Cible Zéro
Автор: Джек Марс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Жанр: Шпионские детективы
isbn: 9781094310312
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Il ne pouvait certainement pas leur parler de son passé dans la clandestinité en tant qu’Agent Zéro, ni leur dire qu’il avait aidé à empêcher Amon de bombarder le Forum Économique Mondial de Davos, en Suisse. Il ne pouvait pas leur raconter qu’il avait tué lui-même plus d’une dizaine de personnes en l’espace de seulement quelques jours, ni que chacun d’entre eux étant connu pour être terroriste.
Il devait s’en tenir à sa vague histoire de couverture, non seulement pour le bien de la CIA, mais aussi pour la sécurité de ses filles. Alors qu’il était parti dans une course folle à travers l’Europe, ses deux filles avaient été forcées de fuir New York, livrées à elles-mêmes pendant plusieurs jours, avant d’être récupérées par la CIA et conduites en lieu sûr. Elles avaient failli être enlevées par deux fanatiques d’Amon, une pensée qui hérissait encore les poils sur la nuque de Reid, parce que ça voulait dire que ce groupe terroriste avait des membres aux États-Unis. Et cela jouait certainement sur sa nature surprotectrice ces derniers temps.
On avait dit aux filles que les deux hommes qui avaient essayé de les embarquer étaient membres d’un gang local qui kidnappait des enfants dans le secteur. Sara semblait plutôt sceptique quant à cette histoire, mais elle avait accepté cette version en se disant que son père ne lui mentirait pas sur une chose pareille (ce qui, bien sûr, rendait Reid encore plus mal). Cette situation, ainsi que son aversion totale pour ce sujet, faisaient qu’il était plus facile pour elle d’éluder le problème et d’avancer dans la vie.
Maya, de son côté, était plus que dubitative. Elle était non seulement assez intelligente pour en savoir plus, mais elle avait également été en contact avec Reid par Skype durant cette épreuve et avait apparemment recueilli assez d’informations de son côté pour émettre quelques hypothèses. Elle avait elle-même assisté à la mort des deux radicaux abattus par l’Agent Watson et n’était plus tout à fait la même depuis.
Reid ne savait vraiment pas quoi faire, à part essayer de continuer à mener une vie aussi normale que possible.
Reid prit son téléphone portable et appela la pizzeria du haut de la rue, passant commande pour deux pizzas moyennes : une quatre fromages (la préférée de Sara), puis une autre aux saucisses et aux poivrons verts (la préférée de Maya).
Alors qu’il raccrochait, il entendit de nouveau des pas dans l’escalier. C’était Maya qui retournait à la cuisine. “Sara fait la sieste.”
“Encore ?” Sara dort beaucoup la journée ces derniers temps. “Elle ne dort pas la nuit ou quoi ?”
Maya haussa les épaules. “Je ne sais pas. Tu devrais peut-être lui demander.”
“J’ai essayé. Mais elle ne me dira rien.”
“Peut-être que c’est parce qu’elle ne comprend pas ce qui s’est passé,” suggéra Maya.
“Je vous ai déjà expliqué ce qui s’était passé.” Ne me faites pas raconter ça encore une fois, pensa-t-il, désespéré. S’il vous plaît, ne me forcez pas à vous mentir encore, droit dans les yeux.
“Peut-être qu’elle a peur,” insista Maya. “Peut-être qu’elle sait que son père, en qui elle est censée avoir confiance, lui ment…”
“Maya Joanne,” coupa Reid, “je te conseille de bien choisir les mots que tu emploies…”
“Et peut-être qu’elle n’est pas la seule !” Maya n’avait pas l’air de vouloir en rester là. Pas cette fois. “Peut-être que j’ai peur, moi aussi.”
“Nous sommes en sécurité ici,” lui répondit fermement Reid, essayant de paraître convainquant, même s’il n’y croyait pas vraiment lui-même. Un mal de tête était en train de se former à l’avant de son crâne. Il attrapa un verre dans le placard et le remplit d’eau fraîche au robinet.
“Ouais, comme nous pensions être en sécurité à New York,” répliqua Maya. “Peut-être que si nous savions ce qui s’est passé et dans quoi tu as réellement été impliqué, les choses seraient plus simples. Mais ce n’est pas le cas.” Qu’importe que ce soit dû à son incapacité à les laisser seule ne serait-ce que vingt minutes ou à ses propres suspicions sur ce qui s’était passé : elle voulait des réponses. “Tu sais très bien ce que nous avons subi. Mais nous, nous n’avons aucune idée de ce qui t’es arrivé !” Elle criait presque à présent. “Où tu es allé, ce que tu as fait, comment tu t’es blessé…”
“Maya, je te jure…” Reid posa le verre sur le comptoir et leva un doigt en guise d’avertissement à son attention.
“Jurer quoi ?” aboya-t-elle. “De dire la vérité ? Alors vas-y, dis-moi !”
“Je ne peux pas te dire la vérité !” hurla-t-il. En disant ces mots, il écarta les bras sur les côtés, l’une de ses mains faisant involontairement voler le verre du comptoir.
Reid n’eut pas le temps de réfléchir. Ses instincts prirent le dessus et, dans un geste rapide et souple, il tomba à genoux et rattrapa le verre dans les airs avant qu’il ne s’écrase au sol.
Il regretta immédiatement son geste, alors que l’eau se balançait dans le verre, une seule goutte s’en étant échappée.
Maya l’observait, les yeux écarquillés, même s’il n’aurait su dire si elle était surprise à cause de ses mots ou de ses actes. C’était la première fois qu’elle le voyait agir ainsi… et la première fois aussi qu’il reconnaissait à voix haut que ce qu’il leur avait dit n’était peut-être pas vraiment ce qui s’était produit. Peu importe qu’elle en soit déjà consciente ou qu’elle le présume uniquement. Il s’était trahi et ne pouvait plus faire machine arrière désormais.
“Coup de chance,” se hâta-t-il de dire.
Maya replia lentement ses bras contre sa poitrine, un sourcil levé, en se mordant la lèvre. Il connaissait cet air : c’était un regard accusateur dont elle avait directement hérité de sa mère. “Tu peux peut-être duper Sara et Tante Linda, mais moi, je n’y crois pas, pas une seule seconde.”
Reid ferma les yeux et soupira. Elle ne lâcherait pas l’affaire, donc il baissa d’un ton et se mit à parler en choisissant soigneusement chacun de ses mots.
“Maya, écoute. Tu es très intelligente… certainement bien assez pour faire certaines suppositions sur ce qui s’est passé,” dit-il. “Le plus important est de bien comprendre que savoir certaines choses peut s’avérer dangereux. Le danger potentiel auquel vous avez été confrontées pendant ma semaine d’absence pourrait devenir permanent si vous saviez tout. Je ne peux pas te dire si tu as raison ou tort. Je ne vais pas confirmer ou infirmer quoi que ce soit. Donc, à partir de maintenant, СКАЧАТЬ