Название: La Cible Zéro
Автор: Джек Марс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Жанр: Шпионские детективы
isbn: 9781094310312
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Un téléphone sonna, interrompant son récit. Reid jeta instinctivement un coup d’œil à son propre mobile, posé sur la table, s’attendant à voir s’afficher le numéro de la maison ou celui du portable de Maya à l’écran.
“Détends-toi,” dit-elle, “c’est le mien. Je ne vais pas répondre…” Elle regarda son téléphone et leva un sourcil, perplexe. “En fait, c’est le boulot. Juste une seconde.” Elle répondit. “Oui ? Mm-hmm.” Son regard sombre changea de direction et tomba sur celui de Reid. Elle le fixa des yeux, alors que le froncement de ses sourcils augmentait. Ce qu’elle écoutait à l’autre bout de la ligne n’était clairement pas une bonne nouvelle. “Je comprends. D’accord. Merci.” Elle raccrocha.
“Tu as l’air perturbé,” constata-t-il. “Je sais, je sais, tu ne peux pas parler boulot…”
“Il s’est échappé,” murmura-t-elle. “Tu sais, l’assassin de Sion, celui qui était à l’hôpital ? Kent, il s’est enfui il y a moins d’une heure.”
“Rais ?” dit Reid, abasourdi. De la sueur froide perla immédiatement sur ses sourcils. “Comment ?”
“Je n’ai pas les détails,” dit-elle rapidement en remettant son téléphone mobile dans son sac à main. “Je suis vraiment désolée, Kent, mais je dois y aller.”
“Ouais,” murmura-t-il. “Je comprends.” Honnêtement, il se sentait à des kilomètres de cette table intime dans le petit restaurant. L’assassin que Reid avait laissé pour mort, à deux reprises d’ailleurs, était toujours en vie et désormais en cavale.
Maria se leva et, avant de partir, elle posa ses lèvres sur les siennes. “On remet ça très vite, je te le promets. Mais là, tout de suite, le devoir m’appelle.”
“Bien sûr,” répondit-il. “Vas-y et trouve-le. Et Maria ? Sois prudente. Il est dangereux.”
“Moi aussi.” Elle lui fit un clin d’œil et se dépêcha de quitter le restaurant.
Reid resta assis tout seul un long moment. Quand vint la serveuse, il n’entendit même pas ses mots. Il fit juste un vague signe pour indiquer que tout allait bien. Mais c’était loin d’être le cas. Il n’avait même pas ressenti cette tension électrique nostalgique quand Maria l’avait embrassé. Tout ce qu’il ressentait était un nœud d’effroi en train de se former dans son estomac.
L’homme qui croyait que son destin était de tuer Kent Steele venait de s’échapper.
CHAPITRE CINQ
Adrien Cheval était éveillé, malgré l’heure tardive. Assis sur un tabouret dans la cuisine, il fixait sans ciller l’écran d’un ordinateur portable, posé face à lui, en tapant frénétiquement des doigts sur le clavier.
Il s’arrêta assez longtemps pour entendre les bruits de pas feutrés de Claudette qui descendait l’escalier, pieds nus. Leur appartement de Marseille était petit, mais douillet, au fond d’une rue tranquille, à cinq minutes de marche à peine de la mer.
Un instant plus tard, sa silhouette fine et sa chevelure de feu apparurent dans son champ de vision. Elle posa ses mains sur ses épaules, les fit glisser vers le haut, puis descendre le long de sa poitrine, posant sa tête contre son dos. “Mon chéri,” chuchota-t-elle. “Mon amour. Je n’arrive pas à dormir.”
“Moi non plus,” répondit-il doucement en français. “Il y a trop de choses à faire.”
Elle lui mordit doucement le lobe de l’oreille. “Raconte.”
Adrien désigna du doigt son écran, sur lequel s’affichait la structure cyclique de l’ARN à double brin de la variola major : virus connu de la plupart des gens sous le nom de variole. “Cette souche de Sibérie est… c’est incroyable. Je n’ai jamais rien vu de tel. D’après mes calculs, sa virulence serait stupéfiante. Je suis convaincu que seule la période glaciaire l’a empêchée d’éradiquer les débuts de l’humanité il y a des milliers d’années.”
“Un nouveau Déluge.” Claudette poussa un léger soupir dans son oreille. “Combien de temps avant que le virus soit prêt ?”
“Je dois muter la souche, tout en maintenant sa stabilité et sa virilité,” expliqua-t-il. “Pas une tâche facile, mais nécessaire. L’OMS a obtenu des échantillons de ce même virus il y a cinq mois. Il ne fait aucun doute qu’un vaccin a été développé, si ce n’est pas déjà le cas. Notre souche doit être assez unique pour que leurs vaccins soient inefficaces.” Ce processus, connu sous le nom de mutagenèse léthale, manipulait l’ARN des échantillons qu’il avait acquis en Sibérie pour augmenter la virulence et réduire la période d’incubation. Selon ses calculs, Adrien estimait que le taux de mortalité du virus muté de variola major pourrait atteindre le niveau élevé de soixante-dix-huit pourcents, quasiment le triple de la variole sans mutation qui avait été éradiquée en 1980 d’après l’Organisation Mondiale de la Santé.
À son retour de Sibérie, Adrien s’était d’abord rendu à Stockholm et avait utilisé les papiers d’identité de l’étudiant décédé, Renault, pour accéder aux laboratoires afin de s’assurer que les échantillons étaient inactifs pendant qu’il travaillait dessus. Mais il ne pouvait pas traîner là sous une fausse identité, donc il avait volé l’équipement nécessaire et était rentré à Marseille. Il avait établi son laboratoire dans le sous-sol inutilisé de la boutique d’un tailleur, à trois pâtés de maisons de son appartement. Le gentil vieux tailleur pensait qu’Adrien était un généticien qui faisait de la recherche sur l’ADN humain, rien de plus. Par mesure de sécurité, Adrien verrouillait la porte à l’aide d’un cadenas quand il n’était pas là.
“L’Imam Khalil sera ravi,” lui souffla Claudette à l’oreille.
“Oui,” acquiesça doucement Adrien. “Il sera ravi.”
La plupart des femmes ne serait certainement pas emballée à l’idée trouver leur moitié en train de travailler sur une substance aussi volatile qu’une souche très virulente de variole, mais Claudette n’était pas comme la plupart des femmes. Elle était petite, mesurant un mètre soixante-trois, alors qu’Adrien faisait un mètre quatre-vingt-deux. Elle avait les cheveux d’un roux flamboyant et de profonds yeux verts, aussi denses que la jungle, dans lesquels on pouvait percevoir une certaine irascibilité.
Ils s’étaient rencontrés il y a un an à peine, quand Adrien était au plus mal. Il venait juste de se faire renvoyer de l’Université de Stockholm pour avoir tenté d’obtenir des échantillons d’un entérovirus rare, le même virus qui avait pris la vie de sa mère quelques semaines auparavant. À l’époque, Adrien avait décidé de développer un remède, il en était même obsédé, afin que personne d’autre ne souffre comme elle avait souffert. Mais des professeurs de l’université l’avaient découvert et il avait été renvoyé sur le champ.
Claudette l’avait trouvé dans une allée, allongé dans une flaque de désolation composée de son propre vomi, à moitié conscient à cause d’un excès d’alcool. Elle l’avait ramené chez elle, l’avait nettoyé et lui avait donné de l’eau. Le lendemain matin Adrien avait trouvé cette magnifique femme au СКАЧАТЬ