Название: La Cible Zéro
Автор: Джек Марс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Жанр: Шпионские детективы
isbn: 9781094310312
isbn:
Apprends à la connaître, avait dit Maya. Sois intéressant.
“Alors, qu’est-ce que tu me racontes de beau ?” finit-il par demander. Il grommela intérieurement à sa tentative d’approche pas terrible.
Maria esquissa un demi-sourire. “Tu devrais savoir que je ne peux pas te raconter grand-chose.”
“C’est vrai,” dit-il. “Bien sûr.” Maria était un agent de terrain actif de la CIA. Même s’il était actif lui aussi, elle ne serait pas en mesure de partager avec lui les détails d’une opération à moins qu’il en fasse lui-même partie.
“Et toi ?” demanda-t-elle. “Ton nouveau boulot ?”
“Pas mal,” admit-il. “Je suis adjoint, donc c’est juste un mi-temps pour l’instant, quelques cours par semaine. Un peu de recherche et tout le reste. Mais ce n’est pas super intéressant.”
“Et les filles ? Comment vont-elles ?”
“Euh… elles font aller,” dit Reid. “Sara ne parle jamais de ce qui s’est passé. Et Maya, en fait, a juste…” Il s’arrêta avant d’en dire trop. Il avait confiance en Maria mais, en même temps, il ne voulait pas admettre que Maya avait très clairement deviné dans quoi Reid était impliqué. Ses joues se mirent à rougir, alors qu’il ajoutait, “Elle m’a taquinée, disant que notre soirée est un rencart.”
“Et ce n’est pas le cas ?” demanda Maria de but en blanc.
Reid sentit de nouveau son visage rougir. “Si, je suppose que si.”
Elle sourit encore une fois. On aurait dit que sa maladresse l’amusait. Sur le terrain, en tant que Kent Steele, il s’était montré confiant, capable et posé. Mais ici, dans le monde réel, il était tout aussi maladroit que n’importe qui pourrait l’être au bout de presque deux ans de célibat.
“Et toi ?” demanda-t-elle. “Comment tu t’en sors ?”
“Bien,” dit-il. Mais il regretta immédiatement ces paroles. N’avait-il pas appris de sa fille que l’honnêteté était la meilleure politique à adopter ? “Non, ce n’est pas vrai,” rajouta-t-il immédiatement. “Je crois que je ne vais pas si bien que ça. Je fais en sorte de m’occuper en permanence avec tout un tas de tâches inutiles et je me trouve des excuses, car si je m’arrête assez longtemps pour me retrouver seul avec mes pensées, je me souviens de leurs noms. Je vois leurs visages, Maria. Et je ne peux pas m’empêcher de penser que je n’en ai pas fait assez pour éviter ça.”
Elle savait exactement ce à quoi il faisait référence : les neuf personnes qui avaient été tuées lors de la seule explosion qu’avait réussi Amon à Davos. Maria passa le bras au-dessus de la table et caressa la main de Reid. Son contact envoya des décharges électriques dans tout son bras, semblant même calmer ses nerfs. Ses doigts étaient chauds et doux contre les siens.
“C’est la réalité à laquelle nous devons faire face,” dit-elle. “Nous ne pouvons pas sauver tout le monde. Je sais que tu ne récupéreras pas tous tes souvenirs en tant que Zéro, mais si c’était le cas, tu le saurais.”
“Peut-être que je n’ai pas envie de le savoir,” dit-il lentement.
“Je comprends. Nous faisons de notre mieux. Mais croire que l’on peut empêcher le mal dans le monde te rendra fou. Neuf vies ont été ôtées, Kent. C’est arrivé et il n’est pas possible de revenir en arrière. Mais il aurait pu y en avoir des centaines. Il aurait pu y en avoir un millier. C’est la façon dont tu devrais voir les choses.”
“Et si je n’y arrive pas ?”
“Alors… trouve un passe-temps agréable peut-être ? Moi, je tricote.”
Il ne put s’empêcher de rire. “Tu tricotes ?” Il n’imaginait pas Maria en train de tricoter. Utiliser les aiguilles à tricoter comme arme pour neutraliser un assaillant ? Pourquoi pas. Mais tricoter pour de vrai ?
Elle releva le menton. “Eh oui, je tricote. Ne rigole pas. Je viens juste de terminer une couverture qui est plus douce que tout ce que tu as pu toucher dans ta vie. Mon argument c’est que tu dois trouver un loisir. Il te faut quelque chose pour occuper tes mains et ton esprit. Qu’en est-il de ta mémoire ? Il y a du mieux à ce niveau-là ?”
Il soupira. “Pas vraiment. Je suppose qu’il est encore trop tôt pour voir une amélioration. C’est toujours plutôt embrouillé.” Il repoussa le menu sur le côté et croisa les doigts sur la table. “Toutefois, puisque tu en parles… il m’est arrivé justement quelque chose de bizarre aujourd’hui. Un fragment de quelque chose m’est revenu en tête. C’était à propos de Kate.”
“Oh ?” Maria se mordit la lèvre inférieure.
“Ouais.” Il garda le silence un long moment. “Des trucs entre Kate et moi… avant sa mort. Tout allait bien, pas vrai ?”
Maria le fixa du regard, ses yeux gris ardoise perçant les siens. “Oui. Autant que je sache, les choses se passaient très bien entre vous. Elle t’aimait vraiment et toi aussi.”
Il était difficile pour lui de soutenir son regard. “Ouais. Bien sûr.” Il eut presque envie de se mettre des gifles. “Bon sang, je suis désolé. Je suis en train de parler de ma défunte épouse à un rencart. Ne le répète pas à ma fille s’il te plaît.”
“Hé.” Ses doigts trouvèrent de nouveau les siens sur la table. “C’est bon, Kent. Je comprends. C’est nouveau pour toi, tout ça, et ça te semble bizarre. Je ne suis pas vraiment une experte dans ce domaine non plus, donc… on va gérer ça tous les deux.”
Ses doigts s’attardaient sur les siens. C’était agréable. Non, c’était plus que ça : c’était vraiment bien. Il se mit à rire nerveusement, mais son sourire s’effaça dans un froncement de sourcil perplexe, alors qu’une chose étrange le frappait : Maria l’appelait toujours Kent.
“Qu’est-ce qu’il y a ?” demanda-t-elle.
“Rien. Je me disais juste… Je ne sais même pas si Maria Johansson est ton vrai nom.”
Maria haussa les épaules, l’air mystérieux. “Peut-être bien.”
“Ce n’est pas juste,” protesta-t-il. “Tu connais le mien.”
“Je ne dis pas que ce n’est pas mon vrai nom.” Le faire marcher avait l’air de l’amuser. “Tu peux toujours m’appeler Agent Marigold si tu préfères.”
Il se mit à rire. Marigold était son nom de code, tout comme le sien était Zéro. Il lui semblait presque ridicule, d’ailleurs, d’utiliser des noms de codes alors qu’ils se connaissaient personnellement. Toutefois, le nom de Zéro semblait générer de la peur chez de nombreuses personnes qu’il avait rencontrées.
“Quel était le nom de code de Reidigger ?” demanda doucement Reid. Il fut presque surpris par sa propre question. Alan Reidigger avait été le meilleur ami de Kent Steele… non, pensa Reid, c’était mon meilleur ami… un homme d’une loyauté apparemment sans faille. Le seul problème était que Reid se souvenait à peine de lui. Tous ses souvenirs de Reidigger avaient été effacés avec l’implant suppresseur de mémoire qu’Alan СКАЧАТЬ