Les contemplations. Autrefois, 1830-1843. Victor Hugo
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Название: Les contemplations. Autrefois, 1830-1843

Автор: Victor Hugo

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ illustre et belle! aimez! riez! chantez!

      Vous avez la splendeur des astres et des roses!

      Votre regard charmant, où je lis tant de choses,

      Commente vos discours légers et gracieux.

      Ce que dit votre bouche étincelle en vos yeux.

      Il semble, quand parfois un chagrin vous alarme,

      Qu'ils versent une perle et non pas une larme.

      Même quand vous rêvez, vous souriez encor.

      Vivez, fêtée et fière, ô belle aux cheveux d'or!

      Maintenant vous voilà pâle, grave, muette,

      Morte, et transfigurée, et je vous dis: – Poëte!

      Viens me chercher! Archange! être mystérieux!

      Fais pour moi transparents et la terre et les cieux!

      Révèle-moi, d'un mot de ta bouche profonde,

      La grande énigme humaine et le secret du monde!

      Confirme en mon esprit Descartes ou Spinosa!

      Car tu sais le vrai nom de celui qui perça,

      Pour que nous puissions voir sa lumière sans voiles,

      Ces trous du noir plafond qu'on nomme les étoiles!

      Car je te sens flotter sous mes rameaux penchants;

      Car ta lyre invisible a de sublimes chants!

      Car mon sombre océan, où l'esquif s'aventure,

      T'épouvante et te plaît; car la sainte nature,

      La nature éternelle, et les champs, et les bois,

      Parlent à ta grande âme avec leur grande voix!

Paris, 1840. – Jersey, 1855.

      XI

      LISE

      J'avais douze ans; elle en avait bien seize.

      Elle était grande, et, moi, j'étais petit.

      Pour lui parler le soir plus à mon aise,

      Moi, j'attendais que sa mère sortit;

      Puis je venais m'asseoir près de sa chaise

      Pour lui parler le soir plus à mon aise.

      Que de printemps passés avec leurs fleurs!

      Que de feux morts, et que de tombes closes!

      Se souvient-on qu'il fut jadis des coeurs?

      Se souvient-on qu'il fut jadis des roses?

      Elle m'aimait. Je l'aimais. Nous étions

      Deux purs enfants, deux parfums, deux rayons.

      Dieu l'avait faite ange, fée et princesse.

      Comme elle était bien plus grande que moi,

      Je lui faisais des questions sans cesse

      Pour le plaisir de lui dire: Pourquoi?

      Et, par moments, elle évitait, craintive,

      Mon oeil rêveur qui la rendait pensive.

      Puis j'étalais mon savoir enfantin,

      Mes jeux, la balle et la toupie agile;

      J'étais tout fier d'apprendre le latin;

      Je lui montrais mon Phèdre et mon Virgile;

      Je bravais tout; rien ne me faisait mal;

      Je lui disais: Mon père est général.

      Quoiqu'on soit femme, il faut parfois qu'on lise

      Dans le latin, qu'on épèle en rêvant;

      Pour lui traduire un verset, à l'église,

      Je me penchais sur son livre souvent.

      Un ange ouvrait sur nous son aile blanche

      Quand nous étions à vêpres le dimanche.

      Elle disait de moi: C'est un enfant!

      Je l'appelais mademoiselle Lise;

      Pour lui traduire un psaume, bien souvent,

      Je me penchais sur son livre, à l'église;

      Si bien qu'un jour, vous le vîtes, mon Dieu!

      Sa joue en fleur toucha ma lèvre en feu.

      Jeunes amours, si vite épanouies,

      Vous êtes l'aube et le matin du coeur.

      Charmez l'enfant, extases inouïes!

      Et, quand le soir vient avec la douleur,

      Charmez encor nos âmes éblouies,

      Jeunes amours, si vite évanouies!

Mai 1843.

      XII

      VERE NOVO

      Comme le matin rit sur les roses en pleurs!

      Oh! les charmants petits amoureux qu'ont les fleurs!

      Ce n'est dans les jasmins, ce n'est dans les pervenches

      Qu'un éblouissement de folles ailes blanches

      Qui vont, viennent, s'en vont, reviennent, se fermant,

      Se rouvrant, dans un vaste et doux frémissement.

      O printemps! quand on songe à toutes les missives

      Qui des amants rêveurs vont aux belles pensives,

      A ces coeurs confiés au papier, à ce tas

      De lettres que le feutre écrit au taffetas,

      Aux messages d'amour, d'ivresse et de délire

      Qu'on reçoit en avril et qu'en mai l'on déchire,

      On croit voir s'envoler, au gré du vent joyeux,

      Dans les prés, dans les bois, sur les eaux, dans les cieux,

      Et rôder en tous lieux, cherchant partout une âme,

      Et courir à la fleur en sortant de la femme,

      Les petits morceaux blancs, chassés en tourbillons

      De tous les billets doux, devenus papillons.

Mai 1831.

      XIII

      A PROPOS D'HORACE

      Marchands de grec! marchands de latin! cuistres! dogues!

      Philistins! magisters! je vous hais, pédagogues!

      Car, dans votre aplomb grave, infaillible, hébété,

      Vous niez l'idéal, la grâce et la beauté!

      Car vos textes, vos lois, vos règles sont fossiles!

      Car, avec l'air profond, vous êtes imbéciles!

      Car vous enseignez tout, et vous ignorez tout!

      Car vous êtes mauvais et méchants! – Mon sang bout

      Rien qu'à songer au temps où, rêveuse bourrique,

      Grand diable de seize ans, j'étais en rhétorique!

      Que d'ennuis! de fureurs! de bêtises! – gredins! -

      Que de froids châtiments et que de chocs soudains!

      «Dimanche en retenue et cinq cents vers d'Horace!»

      Je regardais le monstre aux ongles noirs de crasse,

      Et je balbutiais: «Monsieur… – Pas de raisons!

      Vingt fois l'ode à Plancus et l'épître aux Pisons!»

      Or, j'avais justement, ce jour-là, – douce idée.

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