Les contemplations. Autrefois, 1830-1843. Victor Hugo
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Название: Les contemplations. Autrefois, 1830-1843

Автор: Victor Hugo

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ vaut le soleil;

      L'étincelle vaut la flamme.

Paris, octobre 1841.

      XVIII

      LES OISEAUX

      Je rêvais dans un grand cimetière désert;

      De mon âme et des morts j'écoutais le concert,

      Parmi les fleurs de l'herbe et les croix de la tombe.

      Dieu veut que ce qui naît sorte de ce qui tombe.

      Et l'ombre m'emplissait.

      Autour de moi, nombreux,

      Gais, sans avoir souci de mon front ténébreux,

      Dans ce champ, lit fatal de la sieste dernière,

      Des moineaux francs faisaient l'école buissonnière.

      C'était l'éternité que taquine l'instant.

      Ils allaient et venaient, chantant, volant, sautant,

      Égratignant la mort de leurs griffes pointues,

      Lissant leur bec au nez lugubre des statues,

      Becquetant les tombeaux, ces grains mystérieux.

      Je pris ces tapageurs ailés au sérieux;

      Je criai: – Paix aux morts! vous êtes des harpies.

      -Nous sommes des moineaux, me dirent ces impies.

      -Silence! allez-vous-en! repris-je, peu clément.

      Ils s'enfuirent; j'étais le plus fort. Seulement,

      Un d'eux resta derrière, et, pour toute musique,

      Dressa la queue, et dit: – Quel est ce vieux classique?

      Comme ils s'en allaient tous, furieux, maugréant,

      Criant, et regardant de travers le géant,

      Un houx noir qui songeait près d'une tombe, un sage,

      M'arrêta brusquement par la manche au passage,

      Et me dit: – Ces oiseaux sont dans leur fonction.

      Laisse-les. Nous avons besoin de ce rayon.

      Dieu les envoie. Ils font vivre le cimetière.

      Homme, ils sont la gaîté de la nature entière;

      Ils prennent son murmure au ruisseau, sa clarté

      A l'astre, son sourire au matin enchanté;

      Partout où rit un sage, ils lui prennent sa joie,

      Et nous l'apportent; l'ombre en les voyant flamboie;

      Ils emplissent leurs becs des cris des écoliers;

      A travers l'homme et l'herbe, et l'onde, et les halliers,

      Ils vont pillant la joie en l'univers immense.

      Ils ont cette raison qui te semble démence.

      Ils ont pitié de nous qui loin d'eux languissons;

      Et, lorsqu'ils sont bien pleins de jeux et de chansons,

      D'églogues, de baisers, de tous les commérages

      Que les nids en avril font sous les verts ombrages,

      Ils accourent, joyeux, charmants, légers, bruyants,

      Nous jeter tout cela dans nos trous effrayants;

      Et viennent, des palais, des bois, de la chaumière,

      Vider dans notre nuit toute cette lumière!

      Quand mai nous les ramène, ô songeur, nous disons:

      «Les voilà!» tout s'émeut, pierres, tertres, gazons;

      Le moindre arbrisseau parle, et l'herbe est en extase;

      Le saule pleureur chante en achevant sa phrase;

      Ils confessent les ifs, devenus babillards;

      Ils jasent de la vie avec les corbillards;

      Des linceuls trop pompeux ils décrochent l'agrafe;

      Ils se moquent du marbre; ils savent l'orthographe;

      Et, moi qui suis ici le vieux chardon boudeur,

      Devant qui le mensonge étale sa laideur,

      Et ne se gêne pas, me traitant comme un hôte,

      Je trouve juste, ami, qu'en lisant à voix haute

      L'épitaphe où le mort est toujours bon et beau,

      Ils fassent éclater de rire le tombeau.

Paris, mai 1835.

      XIX

      VIEILLE CHANSON DU JEUNE TEMPS

      Je ne songeais pas à Rose;

      Rose au bois vint avec moi;

      Nous parlions de quelque chose,

      Mais je ne sais plus de quoi.

      J'étais froid comme les marbres;

      Je marchais à pas distraits;

      Je parlais des fleurs, des arbres;

      Son oeil semblait dire: «Après?»

      La rosée offrait ses perles,

      Les taillis ses parasols;

      J'allais; j'écoutais les merles,

      Et Rose les rossignols.

      Moi, seize ans, et l'air morose;

      Elle vingt; ses yeux brillaient.

      Les rossignols chantaient Rose

      Et les merles me sifflaient.

      Rose, droite sur ses hanches,

      Leva son beau bras tremblant

      Pour prendre une mûre aux branches;

      Je ne vis pas son bras blanc.

      Une eau courait, fraîche et creuse

      Sur les mousses de velours;

      Et la nature amoureuse

      Dormait dans les grands bois sourds.

      Rose défit sa chaussure,

      Et mit, d'un air ingénu,

      Son petit pied dans l'eau pure;

      Je ne vis pas son pied nu.

      Je ne savais que lui dire;

      Je la suivais dans le bois,

      La voyant parfois sourire

      Et soupirer quelquefois.

      Je ne vis qu'elle était belle

      Qu'en sortant des grands bois sourds.

      «Soit; n'y pensons plus!» dit-elle.

      Depuis, j'y pense toujours.

Paris, juin 1831.

      XX

      A UN POËTE AVEUGLE

      Merci, poëte! – au seuil de mes lares pieux,

      Comme un hôte divin, tu viens et te dévoiles;

      Et l'auréole d'or de tes vers radieux

      Brille autour de mon nom comme un cercle d'étoiles.

      Chante! Milton chantait; chante! Homère a chanté.

      Le poëte des sens perce la triste brume;

      L'aveugle voit dans l'ombre un monde de clarté.

      Quand l'oeil du corps s'éteint, l'oeil de l'esprit s'allume.

Paris, mai 1842

      XXI

      Elle СКАЧАТЬ