Les contemplations. Autrefois, 1830-1843. Victor Hugo
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Название: Les contemplations. Autrefois, 1830-1843

Автор: Victor Hugo

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ l'amour pêche aux ruisseaux,

      Car les belles sont les cages

      Dont nos coeurs sont les oiseaux.

      De la source, sa cuvette,

      La fleur, faisant son miroir,

      Dit: «Bonjour,» à la fauvette,

      Et dit au hibou: «Bonsoir.»

      Le toit espère la gerbe,

      Pain d'abord et chaume après;

      La croupe du boeuf dans l'herbe

      Semble un mont dans les forêts.

      L'étang rit à la macreuse,

      Le pré rit au loriot,

      Pendant que l'ornière creuse

      Gronde le lourd chariot.

      L'or fleurit en giroflée;

      L'ancien zéphir fabuleux

      Souffle avec sa joue enflée

      Au fond des nuages bleus.

      Jersey, sur l'onde docile,

      Se drape d'un beau ciel pur,

      Et prend des airs de Sicile

      Dans un grand haillon d'azur

      Partout l'églogue est écrite:

      Même en la froide Albion,

      L'air est plein de Théocrite,

      Le vent sait par coeur Bion,

      Et redit, mélancolique,

      La chanson que fredonna

      Moschus, grillon bucolique

      De la cheminée Etna.

      L'hiver tousse, vieux phthisique,

      Et s'en va; la brume fond;

      Les vagues font la musique

      Des vers que les arbres font.

      Toute la nature sombre

      Verse un mystérieux jour;

      L'âme qui rêve a plus d'ombre

      Et la fleur a plus d'amour.

      L'herbe éclate en pâquerettes;

      Les parfums, qu'on croit muets,

      Content les peines secrètes

      Des liserons aux bleuets.

      Les petites ailes blanches

      Sur les eaux et les sillons

      S'abattent en avalanches;

      Il neige des papillons.

      Et sur la mer, qui reflète

      L'aube au sourire d'émail,

      La bruyère violette

      Met au vieux mont un camail;

      Afin qu'il puisse, à l'abîme

      Qu'il contient et qu'il bénit,

      Dire sa messe sublime

      Sous sa mitre de granit.

Granville, juin 1836.

      XV

      LA COCCINELLE

      Elle me dit: «Quelque chose

      Me tourmente.» Et j'aperçus

      Son cou de neige, et, dessus,

      Un petit insecte rose.

      J'aurais dû, – mais, sage ou fou,

      A seize ans, on est farouche, -

      Voir le baiser sur sa bouche

      Plus que l'insecte à son cou.

      On eût dit un coquillage;

      Dos rose et taché de noir.

      Les fauvettes pour nous voir

      Se penchaient dans le feuillage.

      Sa bouche fraîche était là;

      Je me courbai sur la belle,

      Et je pris la coccinelle;

      Mais le baiser s'envola.

      «Fils, apprends comme on me nomme,»

      Dit l'insecte du ciel bleu;

      «Les bêtes sont au bon Dieu,

      Mais la bêtise est à l'homme.»

Paris, mai 1830.

      XVI

      VERS 1820

      Denise, ton mari, notre vieux pédagogue,

      Se promène; il s'en va troubler la fraîche églogue

      Du bel adolescent Avril dans la forêt;

      Tout tremble et tout devient pédant, dès qu'il paraît:

      L'âne bougonne un thème au boeuf son camarade;

      Le vent fait sa tartine, et l'arbre sa tirade;

      L'églantier verdissant, doux garçon qui grandit,

      Déclame le récit de Théramène, et dit:

      Son front large est armé de cornes menaçantes.

      Denise, cependant, tu rêves et tu chantes,

      A l'âge où l'innocence ouvre sa vague fleur;

      Et, d'un oeil ignorant, sans joie et sans douleur,

      Sans crainte et sans désir, tu vois, à l'heure où rentre

      L'étudiant en classe et le docteur dans l'antre,

      Venir à toi, montant ensemble l'escalier,

      L'ennui, maître d'école, et l'amour, écolier.

      XVII

      A M. FROMENT MEURICE

      Nous sommes frères: la fleur

      Par deux arts peut être faite.

      Le poëte est ciseleur;

      Le ciseleur est poëte.

      Poëtes ou ciseleurs,

      Par nous l'esprit se révèle.

      Nous rendons les bons meilleurs,

      Tu rends la beauté plus belle.

      Sur son bras ou sur son cou,

      Tu fais de tes rêveries,

      Statuaire du bijou,

      Des palais de pierreries!

      Ne dis pas: «Mon art n'est rien…»

      Sors de la route tracée,

      Ouvrier magicien,

      Et mêle à l'or la pensée!

      Tous les penseurs, sans chercher

      Qui finit ou qui commence,

      Sculptent le même rocher:

      Ce rocher, c'est l'art immense.

      Michel-Ange, grand vieillard,

      En larges blocs qu'il nous jette,

      Le fait jaillir au hasard;

      Benvenuto nous l'émiette.

      Et, devant l'art infini,

      Dont jamais la loi ne change,

      La miette de Cellini

      Vaut le bloc de Michel-Ange.

      Tout est grand; sombre ou vermeil,

      Tout СКАЧАТЬ