Faust. Johann Wolfgang von Goethe
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Название: Faust

Автор: Johann Wolfgang von Goethe

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ cependant, ô vous, nobles enfants du ciel,

      Livrez-vous sans contrainte aux pensers ineffables

      Du séjour éternel;

      Et tandis que l'auteur des êtres innombrables

      Épanche autour de vous les flots de son amour,

      Célébrez ces êtres d'un jour

      En vos âmes impérissables.

      (Le ciel se ferme, les Archanges se retirent.)

      MÉPHISTOPHÉLÈS seul.

      De temps en temps j'aime à voir le vieux père,

      Et je me garde bien de lui rompre en visière.

      Traiter un pauvre diable avec cette douceur!..

      Vraiment dans un si grand seigneur

      Autant de bonhomie est chose singulière.

      LA TRAGÉDIE

PREMIÈRE PARTIE 4

      FAUST,

      TRAGÉDIE

LA NUIT. UNE CHAMBRE GOTHIQUE, À VOUTES HAUTES ET ÉTROITESFAUST assis devant un pupitre, l'air agitéFAUST

      Eh bien donc, philosophie, jurisprudence, médecine… hélas! et toi aussi, théologie! je vous ai toutes apprises, toutes étudiées, avec des peines infinies; et, après tant et de si longues veilles, me voici, pauvre fou, aussi sage que devant. Je porte, il est vrai, le titre de Docteur, celui de Maître; et il y a bien dix ans, que je promène mes sots élèves à travers un labyrinthe inextricable… Et je m'aperçois, enfin, que nous ne pouvons rien connaître. Rien!.. J'en mourrai. Il n'est cependant pas au monde un seul homme, maître, docteur, clerc ou moine, qui en sache aussi long que moi: pas un doute ne m'arrête, pas un scrupule ne me travaille, je ne crains ni enfer ni diable… Mais aussi, la joie m'a fui sans retour: je suis loin de croire que je sache rien de bon; je suis loin de croire que je puisse rien enseigner aux hommes, pour améliorer leur condition misérable et les remettre dans le droit chemin. Je n'ai d'ailleurs ni biens, ni argent, ni honneurs, ni crédit dans le monde… Non, un chien ne voudrait pas de l'existence, à ce prix-là! Je ne vois plus maintenant qu'une chose à essayer, c'est de me jeter dans la magie. Il le faut. Ah! si la puissance de l'Esprit et de la Parole dessillait mes yeux, et leur dévoilait cet abîme où je brûle de descendre! Que je ne fusse plus esclave des mots, et contraint de dire à grand-peine ce que j'ignore; que je connusse tout ce que la nature cache dans ses entrailles, tout ce qu'il y a pour l'homme au centre de l'énergie du monde et à la source des semences éternelles!

      Que n'accordes-tu donc un dernier regard à ma misère, lune, qui tant de fois éclairas mes veilles devant ce même pupitre! C'est au milieu d'un vain amas de livres et de papiers, mélancolique amie, que tu m'apparais alors. Que ne puis-je, hélas! gravir sur le sommet des montagnes! Là, j'irais, dans ta jeune lumière, me glisser autour des cavernes avec les Esprits. Que ne puis-je danser sur les prairies à tes pâles clartés, et, libre des tourments de la science, me baigner à loisir dans la rosée qui émane de ta sphère silencieuse!

      Malheureux! je languis, encore enchaîné dans ma prison. Maudit sois-tu, réduit obscur, où la douce lumière du ciel elle-même n'arrive que triste et plombée, à travers ces vitrages peints; où, de quelque côté que je tourne les yeux, je ne vois que livres couverts de poudre et mangés des vers, que papiers amoncelés jusqu'au haut des voûtes, que boîtes, verres, instruments de mille sortes; tous vieux meubles pourris, que j'ai reçus de mes ancêtres… C'est là ton monde! On appelle cela un monde!

      Et tu demandes encore pourquoi ton cœur se resserre avec angoisse dans ta poitrine, pourquoi une douleur sourde glace tes membres et y enchaîne le mouvement de la vie? Tu le demandes; et, au lieu de la nature vivante, au sein de laquelle Dieu créa les hommes, tu n'as autour de toi que fumée et moisissure, squelettes d'animaux et ossements de morts!

      Allons, fuis, lance-toi dans le libre espace! Ce volume mystérieux, que Nostradamus écrivit de sa propre main, n'est-il point un guide assez sûr? Avec son secours seulement, tu commenceras à pouvoir lire dans le cours des astres; ton âme, instruite par lui, sentira sa force renaître, et saura comment un Esprit parle à un autre Esprit… Mais c'est en vain qu'à l'aide d'un bon sens grossier, tu voudrais expliquer les signes sacrés… Esprits, qui nagez autour de moi répondez-moi, si vous m'entendez!

      (Il ouvre le volume, et aperçoit le signe du Macrocosme5.)

      Ah! comme, à cette vue, tous mes sens ont tressailli! Dans quelle extase céleste ai-je été plongé tout à coup! On dirait qu'un sang plus jeune et plus pur circule dans mes veines; mes nerfs sont agités de frémissements inconnus. Est-ce de la main d'un Dieu que furent tracés ces caractères, qui soulagent mes peines secrètes, qui inondent mon pauvre cœur de joie, et qui me dévoilent, d'une manière si mystérieuse, les forces cachées de la nature? Suis-je un Dieu moi-même? Tout me devient si clair! À l'aide de ces simples traits, je vois se déployer, devant mon âme, la nature tout entière et son énergie créatrice. Aujourd'hui, pour la première fois, je comprends la vérité de cette parole du sage «Le monde des Esprits n'est point fermé; ton sens est aveuglé, ton cœur est mort. «Lève-toi, disciple, et ne cesse de baigner ton corps mortel dans les rayons de l'aurore.»

      (Il regarde le signe.)

      Que de mouvement au sein de l'univers! Comme toutes les choses concourent à une même fin, et vivent l'une dans l'autre d'une même vie! Comme les Intelligences célestes montent et descendent, et se passent de main en main les seaux d'or! Quelle rosée délicieuse elles répandent sur la terre aride, et quelle ravissante harmonie le battement de leurs ailes imprime aux espaces du monde, qu'elles parcourent incessamment!

      Merveilleux spectacle!.. Mais, hélas! rien qu'un spectacle! Où donc te trouver, où te saisir, nature infinie? Où êtes-vous, sources de toute existence? Vous en qui les cieux et la terre puisent cette sève éternelle qui les nourrit, vous qui rajeunissez le sein flétri, vous ne tarissez jamais, vous abreuvez tous les êtres et moi je languis vainement après vous!

      (Il saisit le volume, tourne un feuillet avec dépit, et aperçoit le signe de l'Esprit de la terre.)

      Quelle émotion différente produit en moi ce nouveau signe! Esprit de la terre, tu es près de moi je sens mes forces s'accroître; il semble qu'une liqueur spiritueuse coule dans mes veines et me brûle; j'aurais le courage de me lancer dans le monde, de supporter les malheurs et les prospérités d'ici-bas, de lutter contre l'orage, et de ne point pâlir aux craquements du vaisseau qui se brise… Des nuages s'amoncèlent au-dessus de moi… la lune cache sa lumière… la lampe fume… elle s'éteint… des rayons ardents ceignent ma tête, et se meuvent lentement dans les ténèbres… un frisson d'épouvante s'empare de moi… les voûtes paraissent descendre, et me presser de toute leur masse… Oui, je le sens, tu nages autour de moi, Esprit que j'ai invoqué… Dévoile-toi!.. Ah! quels déchirements dans mon cœur! Mes sens s'ouvrent à des impressions nouvelles… Tout mon cœur est à toi, je me dévoue à toi; parais! Parais, te dis-je, m'en coûtât-il la vie!

      (Il prend le volume dans sa main, et fixant ses yeux sur le signe de l'Esprit, il prononce certaines paroles. Une flamme rouge s'allume tout-à-coup: L'ESPRIT paraît dans la flamme.)

L'ESPRIT

      Qui m'appelle?

FAUST détournant la tête

      Vision terrible!

L'ESPRIT

      Tu m'as puissamment attiré tes lèvres, СКАЧАТЬ



<p>4</p>

Ce qui a été publié de Faust, n'est effectivement qu'une première partie du vaste drame, dont la vie de ce personnage, à partir de l'instant où il engage son âme, devait faire le sujet; car, à la fin de la dernière scène, loin de l'emporter aux enfers en l'emmenant avec lui, le Diable l'arrache ainsi, au contraire, à la mort inévitable qu'il eût trouvée, s'il fût demeuré plus long-temps dans le cachot de Marguerite. Néanmoins comme, d'une part, en se décidant à continuer de vivre dans la compagnie de Méphistophélès, le docteur Faust consomme sa perdition; et que, de l'autre, après avoir inutilement attendu pendant quarante années la seconde partie de l'ouvrage, le public commençait à en désespérer absolument, nous allions effacer ce titre; quand, tout d'un coup, la publication de cette seconde partie nous fût annoncée par l'auteur lui-même: l'effacer malgré cela, c'eût été reculer devant l'espèce d'engagement qu'un tel titre nous faisait prendre, et que nous aimions à contracter, de donner, un jour, un pendant au présent volume; nous l'avons donc laissé subsister. Voici un extrait de la lettre que M. de Goethe nous fit l'honneur de nous adresser à ce sujet, le 4 avril 1827. Ayant, à cette époque, ouï dire qu'il se proposait de publier incessamment une scène, jusque-là inédite, de Faust, nous l'avions prié d'avoir la bonté de nous la communiquer, afin que nous pussions en joindre la traduction à celle du reste de l'ouvrage: «Dans ce moment,» nous répondit-il, «il ne sera rien ajouté à la première partie de Faust, que vous avez eu' l'obligeance de traduire; «elle restera absolument telle qu'elle est. Le nouveau drame que j'ai annoncé, sous le titre d'Hélène, est un intermède appartenant à la seconde partie; et cette seconde partie est complètement différente de la première, soit pour le plan, soit pour l'exécution, soit enfin pour le lieu de la scène, qui est placé dans des régions plus élevées. Elle n'est point encore terminée; et c'est comme échantillon seulement, que je publie l'intermède d'Hélène, lequel doit y entrer plus tard. La presque totalité de cet intermède est écrite en vers ïambiques, et autres vers employés par les anciens, dont il n'y a pas trace dans la première partie de Faust. Vous vous convaincrez vous-même, quand vous le lirez, qu'il ne peut en aucune façon se rattacher à la première partie, et que M. Motte nuirait au succès de sa publication, s'il voulait essayer de l'y joindre. Mais si, après l'avoir lu, vous le trouvez assez de votre goût, pour avoir envie de le traduire; s'il inspire, en outre, quelque artiste, qui se sente le talent comme le désir d'en crayonner les diverses situations; et si, enfin, de son côté, M. Motte ne répugne pas à publier ce nouvel ouvrage: je vous garantis qu'il pourra se suffire à lui-même. Car, ainsi que je l'ai déjà dit, et que vous le verrez bientôt par vos yeux, il forme un tout complet et a une étendue convenable, etc.»

<p>5</p>

Macroscome paraît signifier univers, littéralement grand monde.