Le crime de Lord Arthur Savile. Wilde Oscar
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Название: Le crime de Lord Arthur Savile

Автор: Wilde Oscar

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ le chiropodist; je veux dire le chiromancien, est très amusant. Flora, où peut être mon éventail d'écaille de tortue?.. Oh! merci, sir Thomas, merci beaucoup!.. Et mon châle de dentelle?.. Oh merci, sir Thomas, trop aimable vraiment!

      Et la digne créature finit par descendre les escaliers sans avoir laissé plus de deux fois tomber son flacon d'odeur.

      Tout ce temps-là, lord Arthur Savile était demeuré debout près de la cheminée avec le même sentiment de frayeur qui pesait sur lui, la même maladive préoccupation d'un avenir mauvais.

      Il sourit tristement à sa soeur comme elle glissa près de lui au bras de lord Plymdale, fort jolie dans son brocard rose garni de perles, et il entendit à peine lady Windermere, quand elle l'invita à la suivre. Il pensa à Sybil Merton et l'idée que quelque chose pourrait se placer entre eux remplit ses yeux de larmes.

      Quelqu'un qui l'aurait regardé eût dit que Némésis avait dérobé le bouclier de Pallas et lui avait montré la tête de la Gorgone. Il paraissait pétrifié et son visage avait l'aspect d'un marbre dans sa mélancolie.

      Il avait vécu la vie délicate et luxueuse d'un jeune homme bien né et riche, une vie exquise affranchie de tous soucis avilissants, une vie d'une belle insouciance8 d'enfant, et maintenant, pour la première fois, il eut conscience du terrible mystère de la destinée, de l'effrayante idée du sort.

      Que tout cela lui semblait fou et monstrueux!

      Se pouvait-il que ce qui était écrit dans sa main, en caractères qu'il ne pouvait lire mais qu'un autre pouvait déchiffrer, fût quelque terrible secret de faute, quelque sanglant signe de crime!

      N'y avait-il nulle échappatoire?

      Ne sommes-nous que des pions d'échiquier que met en jeu une puissance invisible, que des vases que le potier modèle à sa guise pour l'honneur ou la honte?

      Sa raison se révolta contre cette pensée et pourtant il sentait que quelque tragédie était suspendue sur sa tête et qu'il avait été tout d'un coup appelé à porter un fardeau intolérable.

      Les acteurs sont vraiment des gens heureux; ils peuvent choisir de jouer soit la tragédie soit la comédie, de souffrir ou d'égayer, de faire rire ou de faire pleurer. Mais, dans la vie réelle, c'est bien différent.

      Bien des hommes et bien des femmes sont contraints de jouer des rôles auxquels rien ne les destinait. Nos Guildensterns nous jouent Hamlet et notre Hamlet doit plaisanter comme un Prince Hal.

      Le monde est un théâtre, mais la pièce est déplorablement distribuée.

      Soudain M. Podgers entra dans le salon.

      A la vue de lord Arthur, il s'arrêta et sa grasse figure sans distinction devint d'une couleur jaune verdâtre. Les yeux des deux hommes se rencontrèrent et il y eut un moment de silence.

      – La duchesse a laissé ici un de ses gants, lord Arthur, et elle m'a demandé de le lui rapporter, dit enfin M. Podgers. Ah! je le vois sur le canapé!.. Bonsoir!

      – Monsieur Podgers, il faut que j'insiste pour que vous me donniez une réponse immédiate à une question que je vais vous poser.

      – A un autre moment, lord Arthur. La duchesse m'attend. Il faut que je la rejoigne.

      – Vous n'irez pas. La duchesse n'est pas si pressée.

      – Les dames n'ont pas l'habitude d'attendre, dit M. Podgers avec un sourire maladif. Le beau sexe est toujours impatient.

      Les lèvres fines, et comme ciselées de lord Arthur se plissèrent d'un dédain hautain.

      La pauvre duchesse lui semblait de si maigre importance en ce moment.

      Il traversa le salon et vint à l'endroit où M. Podgers était arrêté.

      Il lui tendit sa main.

      – Dites-moi ce que vous voyez là. Dites-moi la vérité. Je veux la connaître. Je ne suis pas un enfant.

      Les yeux de M. Podgers clignotèrent sous ses lunettes d'or. Il se porta d'un air gêné d'un pied sur l'autre, tandis que ses doigts jouaient nerveusement avec une chaîne de montre étincelante.

      – Qu'est-ce qui vous fait penser que j'ai vu dans votre main, lord Arthur, quelque chose de plus que ce que je vous ai dit?

      – Je sais que vous avez vu quelque chose de plus et j'insiste pour que vous me disiez ce que c'est. Je vous donnerai un chèque de cent livres.

      Les yeux verts étincelèrent une minute, puis redevinrent sombres.

      – Cent guinées! fit enfin M. Podgers à voix basse.

      – Oui, cent guinées. Je vous enverrai un chèque demain. Quel est votre club?

      – Je n'ai pas de club. C'est-à-dire je n'en ai pas en ce moment, mais mon adresse est… Permettez-moi de vous donner ma carte.

      Et tirant de la poche de son veston un morceau de carton doré sur tranche, M. Podgers le tendit avec un salut profond à lord Arthur qui lut:

      MR SEPTIMUS R PODGERS.

      CHIROMANCIEN

      103a West Moon street

      – Je reçois de 10 à 4, murmura M. Podgers d'un ton mécanique, et je fais une réduction pour les familles.

      – Dépêchez-vous! cria lord Arthur devenant très pâle et lui tendant la main.

      M. Podgers regarda autour de lui d'un coup d'oeil nerveux et fit retomber la lourde portière9 sur la porte.

      – Ceci prendra un peu de temps, lord Arthur. Vous feriez mieux de vous asseoir.

      – Dépêchez, monsieur, cria de nouveau lord Arthur frappant du pied avec colère sur le parquet ciré.

      M. Podgers sourit, sortit de sa poche une petite loupe à verre grossissant et l'essuya soigneusement avec son mouchoir.

      – Je suis tout à fait prêt, dit-il.

II

      Dix minutes plus tard, le visage blanc de terreur, les yeux affolés de chagrin, lord Arthur Savile se précipitait hors de Bentinck House.

      Il se fit un chemin à travers la cohue des valets de pied, couverts de fourrures, qui stationnaient autour du grand pavillon à colonnades.

      Il semblait ne voir ni n'entendre quoi que ce fût.

      La nuit était très froide et les becs de gaz, autour du square, scintillaient et vacillaient sous les coups de fouet du vent, mais ses mains avaient une chaleur de fièvre et ses tempes brûlaient comme du feu.

      Il allait et venait, presque avec la démarche d'un homme ivre.

      Un agent de police le regarda avec curiosité, comme il passait, et un mendiant, qui se détacha d'un pas de porte pour lui demander l'aumône, recula d'effroi en voyant un malheur plus grand que le sien.

      Une fois, lord Arthur Savile s'arrêta sous un réverbère et regarda ses mains. Il crut voir СКАЧАТЬ



<p>8</p>

En français dans le texte.

<p>9</p>

En français dans le texte.