Название: Le roi Jean
Автор: Уильям Шекспир
Издательство: Public Domain
Жанр: Драматургия
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L'ARCHIDUC-Je dépose sur ta joue ce baiser plein de zèle, comme le sceau de l'engagement que prend ici mon amitié, de ne jamais retourner dans mes États jusqu'à ce qu'Angers, et les domaines qui t'appartiennent en France, en compagnie de ce rivage pâle et au blanc visage, dont le pied repousse les vagues mugissantes de l'Océan et sépare ses insulaires des autres contrées; jusqu'à ce que l'Angleterre, enfermée par la mer dont les flots lui servent de muraille, et qui se flatte d'être toujours hors de l'atteinte des projets de l'étranger, jusqu'à ce que ce dernier coin de l'Occident t'ait salué pour son roi: jusqu'alors, bel enfant, je ne songerai pas à mes États et ne quitterai point les armes.
CONSTANCE. – Oh! recevez les remerciements de sa mère, les remerciements d'une veuve, jusqu'au jour où la puissance de votre bras lui aura donné la force de s'acquitter plus dignement envers votre amitié!
L'ARCHIDUC. – La paix du ciel est avec ceux qui tirent leur épée pour une cause aussi juste et aussi sainte.
PHILIPPE. – Eh bien! alors, à l'ouvrage: dirigeons notre artillerie contre les remparts de cette ville opiniâtre. – Assemblons nos plus habiles tacticiens, pour dresser les plans les plus avantageux. – Nous laisserons devant cette ville nos os de roi; nous arriverons jusqu'à la place publique, en nous plongeant dans le sang des Français, mais nous la soumettrons à cet enfant.
CONSTANCE. – Attendez une réponse à votre ambassade, de crainte de souiller inconsidérément vos épées de sang. Châtillon peut nous rapporter d'Angleterre, par la paix, la justice que nous prétendons obtenir ici par la guerre. Nous nous reprocherions alors chaque goutte de sang que trop de précipitation et d'ardeur aurait fait verser sans nécessité.
PHILIPPE. – Chose étonnante, madame! – Voilà que sur votre désir est arrivé Châtillon, notre envoyé. – Dis en peu de mots ce que dit l'Angleterre, brave seigneur; nous t'écoutons tranquillement: parle, Châtillon.
CHATILLON. – Retirez vos forces de ce misérable siége, et préparez-les à une tâche plus grande. Le roi d'Angleterre, irrité de vos justes demandes, a pris les armes; les vents contraires dont j'ai attendu le bon plaisir, lui ont donné le temps de débarquer ses légions aussi tôt que moi: il marche précipitamment vers cette ville; ses forces sont considérables, et ses soldats pleins de confiance. Avec lui est arrivée la reine mère, une Até, qui l'excite au sang et au combat; elle est accompagnée de sa nièce, la princesse Blanche d'Espagne: avec eux est un bâtard du feu roi, et tous les esprits turbulents du pays, intrépides volontaires pleins de fougue et de témérité, qui, sous des visages de femmes, portent la férocité des dragons. Ils ont vendu leurs biens dans leur pays natal, et apportent fièrement leur patrimoine sur leur dos, pour courir ici le hasard de fortunes nouvelles. En un mot, jamais plus brave élite de guerriers invincibles que celle que viennent d'amener les vaisseaux anglais ne vogua sur les flots gonflés, pour porter la guerre et le ravage au sein de la chrétienté. – Leurs tambours incivils qui m'interrompent (les tambours battent) m'interdisent plus de détails: ils sont à la porte pour parlementer ou pour combattre; ainsi préparez-vous.
PHILIPPE. – Combien peu nous étions préparés à une telle diligence!
L'ARCHIDUC-Plus elle est imprévue, plus nous devons redoubler d'efforts pour nous défendre. Le courage croît avec l'occasion: qu'ils soient donc les bienvenus; nous sommes prêts.
LE ROI JEAN. – Paix à la France, si la France permet que nous fassions en paix notre entrée juste et héréditaire dans ce qui nous appartient. Sinon, que la France soit ensanglantée, et que la paix remonte au ciel! Tandis que nous, agents du Dieu de colère, nous châtierons l'orgueil méprisant qui chasse la paix vers le ciel.
PHILIPPE. – Paix à l'Angleterre, si ces guerriers retournent de France en Angleterre pour y vivre en paix. Nous aimons l'Angleterre; et c'est à cause de cet amour pour l'Angleterre que notre sueur coule ici sous le faix de notre armure. Ce labeur que nous accomplissons ici devrait être ton oeuvre; mais tu es si loin d'aimer l'Angleterre que tu as supplanté son roi légitime, rompu la ligne de succession, renversé la fortune d'un enfant et profané la pureté virginale de la couronne. Jette ici les yeux (en montrant Arthur) sur le visage de ton frère Geoffroy. – Ces yeux, ce front furent modelés sur les siens: ce petit abrégé contient toute la substance de ce qui est mort dans Geoffroy; et la main du temps tirera de cet abrégé un volume aussi considérable. Geoffroy était ton frère aîné, et voilà son fils; Geoffroy avait droit au royaume d'Angleterre, et cet enfant possède les droits de Geoffroy. Au nom de Dieu, comment advient-il donc que tu sois appelé roi, lorsque le sang de la vie bat dans les tempes à qui appartient la couronne dont tu t'empares?
LE ROI JEAN. – De qui tires-tu, roi de France, la haute mission d'exiger de moi une réponse à tes interrogations?
PHILIPPE. – Du Juge d'en haut, qui excite dans l'âme de ceux qui ont la puissance, la bonne pensée d'intervenir partout où il y a flétrissure et violation de droits. Ce juge a mis cet enfant sous ma tutelle; et c'est en son nom que j'accuse ton injustice, et avec son aide que je compte la châtier.
LE ROI JEAN. – Mais quoi! c'est usurper l'autorité.
PHILIPPE. – Excuse-moi! C'est abattre un usurpateur.
ÉLÉONORE. – Qu'appelles-tu usurpateur, roi de France?
CONSTANCE. – Laissez-moi répondre: – l'usurpateur, c'est ton fils.
ÉLÉONORE. – Loin d'ici, insolente! Oui, ton bâtard sera roi, afin que tu puisses être reine, et gouverner le monde!
CONSTANCE. – Mon lit fut toujours aussi fidèle à ton fils, que le tien le fut à ton époux: et cet enfant ressemble plus de visage à son père Geoffroy, que toi et Jean ne lui ressemblez de caractère; il lui ressemble comme l'eau à la pluie, ou le diable à sa mère. Mon enfant, un bâtard! Sur mon âme, je crois que son père ne fut pas aussi légitimement engendré: cela est impossible, puisque tu étais sa mère.
ÉLÉONORE. – Voilà une bonne mère, enfant, qui flétrit ton père.
CONSTANCE. – Voilà une bonne grand'mère, enfant, qui voudrait te flétrir.
L'ARCHIDUC. – Paix.
LE BATARD. – Écoutez le crieur.
L'ARCHIDUC. – Quel diable d'homme es-tu?
LE BATARD. – Un homme qui fera le diable avec vous, s'il peut vous attraper seul, vous et votre peau; vous êtes le lièvre, dont parle le proverbe, dont la valeur tire les lions morts par la barbe; je fumerai la peau qui vous sert de casaque, si je puis vous saisir à mon aise, drôle, songez-y; sur ma foi, je le ferai, – sur ma foi.
BLANCHE. – Oh! cette dépouille de lion convient trop bien à celui-là qui l'a dérobée au lion!
LE BATARD. – Elle fait aussi bien sur son dos que les souliers du grand Alcide aux pieds d'un âne! – Mais, mon âne, je vous débarrasserai le dos de ce fardeau, comptez-y, ou bien j'y mettrai de quoi vous faire craquer les épaules.
L'ARCHIDUC. – Quel est ce fanfaron qui nous assourdit les oreilles avec ce débordement de paroles inutiles?
PHILIPPE. – Louis, déterminez ce que nous allons faire.
LOUIS. – Femmes et fous, cessez vos conversations. – Roi Jean, en deux mots, voici le fait: Au nom d'Arthur, je revendique l'Angleterre СКАЧАТЬ