Orgueil et préjugés. Jane Austen
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Orgueil et préjugés - Jane Austen страница 9

Название: Orgueil et préjugés

Автор: Jane Austen

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 9783748560197

isbn:

СКАЧАТЬ — Non, je ne souhaite nullement éviter cette course. Qu’est-ce que trois milles, lorsqu’on a un but? Je serai de retour pour dîner.

      » — J’admire la vivacité de vos sentimens, observa Mary, mais en tout il faut un peu écouter la raison, et votre dessein, selon moi, est parfaitement ridicule.

      » — Nous irons avec vous jusqu’à Meryton, dirent Catherine et Lydia.“

      Élisabeth y consentit, et ces trois demoiselles se mirent en route.

      „En nous pressant un peu, dit Lydia, nous pourrons arriver assez à temps pour voir partir le capitaine Carter.“

      À Meryton, elles se séparèrent; les deux plus jeunes se rendirent chez leur tante, et Élisabeth continua seule son chemin. Elle allait d’un bon pas, sautant les fossés, traversant les prés avec une activité toujours plus animée, et se trouva enfin près de la maison, très-fatiguée, couverte de boue et le teint animé par la marche et l’inquiétude.

      On la fit entrer dans la salle à manger, où toute la société, hormis Hélen, était réunie; sa venue causa un mouvement général de surprise.

      Avoir marché trois milles, par un temps si mauvais, de si bonne heure et toute seule, était pour Mme Hurst et miss Bingley une chose presque incroyable. Élisabeth s’aperçut facilement qu’elles trouvaient cette démarche ridicule. Elles la reçurent néanmoins avec beaucoup de civilité, et dans l’accueil de leur frère il y avait un peu plus que de la politesse; il était content et attentif. M. Darcy parla peu, et M. Hurst ne dit pas un mot. Les pensées du premier étaient partagées entre l’admiration de l’éclat que l’exercice avait donné au teint d’Élisabeth et le doute que son motif pût la justifier d’être venue toute seule. Le second n’était occupé que de son déjeûner.

      Aux questions qu’elle fit sur la santé de sa sœur, elle ne reçut pas de réponse bien satisfaisantes: Mlle Bennet avait eu de la fièvre et, quoique levée, n’était pas assez bien pour quitter la chambre. Élisabeth désira d’y être conduite sur-le-champ, et Hélen, qui n’avait osé prier sa sœur de venir, par crainte de causer trop d’inquiétude ou de dérangement, témoigna le plus vif plaisir en la voyant. Elle n’était pas en état de parler beaucoup; et quand Mlle Bingley les laissa seules, elle ne put que dire à sa sœur combien elle était reconnaissante de toutes les bontés que ces dames avaient pour elle. Élisabeth s’occupa en silence de la soigner.

      Quand le déjeûner fut fini, les deux sœurs vinrent les joindre, et Élisabeth commença elle-même à les aimer lorsqu’elle vit la tendre sollicitude qu’elles témoignaient à Hélen. Le chirurgien du lieu vint et, ayant examiné la malade, dit, comme on pouvait l’imaginer, qu’elle avait un rhume sérieux; il lui conseilla de se mettre au lit, en attendant quelques drogues qu’il devait envoyer. Son avis fut suivi sans peine, car le frisson augmentait, et Hélen avait un violent mal de tête. Élisabeth ne la quitta pas un seul instant, et ces dames s’en éloignèrent peu; car les messieurs étant sortis, elles n’avaient rien de mieux à faire.

      Vers les trois heures, Élisabeth pensa qu’il fallait se retirer, et le dit à regret; Mlle Bingley lui offrit la voiture; mais Hélen témoigna tant de chagrin de voir partir sa sœur, que miss Bingley se vit obligée d’engager Élisabeth à demeurer pour le moment à Netherfield. Cette proposition fut acceptée avec reconnaissance, et l’on envoya un domestique à Longbourn faire part de cette décision, et chercher ce dont les deux sœurs pouvaient avoir besoin.

      CHAPITRE VIII

      À cinq heures, ces dames se retirèrent pour s’habiller, et à six on vint dire à Élisabeth que le dîner était servi. Aux diverses demandes qu’on lui fit, et parmi lesquelles elle eut le plaisir de distinguer l’empressement de M. Bingley, elle ne put donner aucunes réponses satisfaisantes. Hélen n’était certainement pas mieux. En entendant cela, les deux dames répétèrent deux ou trois fois qu’elles étaient désolées, combien il était mauvais de prendre froid, et combien elles redoutaient elles-mêmes d’être malades; puis elles n’y pensèrent plus; et leur indifférence pour Hélen, lorsqu’elle n’était pas absolument sous leurs yeux, rappela à Élisabeth l’impression peu favorable que ces dames lui avaient causée. Leur frère était en effet la seule personne de cette maison qu’elle pût voir avec quelque plaisir. Son inquiétude sur la santé d’Hélen était très-visible, et ses attentions pour Élisabeth assez gracieuses pour l’empêcher de se croire aussi importune qu’elle pensait l’être aux autres individus de la famille.

      Elle ne recevait de politesses que de lui. Mlle Bingley était entièrement occupée de M. Darcy, sa sœur à peu près autant; et quant à M. Hurst, près duquel Élisabeth était assise, c’était un homme indolent, qui ne vivait que pour manger, boire et jouer, et qui, lorsqu’il se fut aperçu qu’elle préférait un mets simple à un ragoût, n’eut plus rien à lui dire.

      Le dîner fini, elle rentra dans l’appartement d’Hélen, et sitôt qu’elle fut dehors miss Bingley commença à la critiquer… Il fut décidé que ses manières étaient affreuses, un mélange d’orgueil et d’étourderie indiscrète; elle n’avait ni conversation, ni goût, ni beauté: Mme Hurst pensait de même, et ajouta:

      „En un mot, elle n’a rien qui puisse la faire remarquer, si ce n’est d’être une excellente marcheuse. Je n’oublierai de la vie la mine qu’elle avait ce matin!

      » — Je l’ai crue folle, en vérité.

      » — Cela est exact, Louisa, j’ai eu toutes les peines du monde à m’empêcher de rire. Quel ridicule de courir la campagne ainsi, seule…; de se présenter dans un état…, les cheveux en désordre…, la figure rouge…; et tout cela, parce que sa sœur a un rhume!

      » — Oh oui! Et son jupon!… j’espère que vous avez remarqué son jupon? Un pied de boue…; sa robe, qu’elle avait baissée pour cacher tout cela, le faisant paraître un peu mieux.

      » — Ce portrait peut être exact, Louisa, dit M. Bingley, mais moi ce n’est pas là ce que j’ai remarqué: j’ai trouvé miss Bennet fort jolie lorsqu’elle est entrée ce matin, et cette boue à son jupon ne m’a pas frappé comme vous.

      » — Vous vous en êtes aperçu, M. Darcy, j’en suis sûre? dit Mlle Bingley. Je Je suis portée à croire que vous n’aimeriez pas à voir votre sœur se montrer dans un tel état?…

      » — Non, certainement.

      » — Marcher trois milles, ou quatre, ou cinq, je ne connais pas bien la distance, dans la boue, et seule, toute seule, à quoi pensait-elle? Il me semble que c’est montrer une bien sotte indépendance, le plus parfait mépris des convenances; c’est être bien de la province!

      » — Cet attachement pour sa sœur est fort estimable, dit M. Bingley.

      » — Je crains beaucoup, M. Darcy, observa à demi-voix miss Bingley, que cette scène n’ait un peu diminué votre admiration pour ses beaux yeux?

      » — Pas du tout, répondit-il, l’exercice les avait rendus plus animés.“

      Il y eut un moment de silence, après quoi Mme Hurst recommença:

      „J’ai beaucoup d’amitié pour Hélen Bennet; elle est vraiment charmante, et je désire de tout mon cœur la voir bien établie: mais, avec de tels parens et des liaisons si communes, je crains qu’il n’y СКАЧАТЬ