Le Juge Et Les Sorcières. Guido Pagliarino
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Название: Le Juge Et Les Sorcières

Автор: Guido Pagliarino

Издательство: Tektime S.r.l.s.

Жанр: Эзотерика

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isbn: 9788885356566

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СКАЧАТЬ Elvira eut-elle retrouvé une silhouette normale que ce dépravé s’en était allumé et avait tenté de la posséder brutalement ; mais la femme, d’une forte complexion que la vie errante avait rendue encore plus rude, l’avait maîtrisé et étourdi avec un chandelier. La matrone de maison, que les hurlements de sa servante avaient alertée, l’avait assistée dans les dernières phases de la lutte. Ses vêtements en lambeaux et ses tuméfactions ne laissaient aucun doute sur la culpabilité de l’homme; mais c’était le frère du notaire. Que faire ? Ces bons chrétiens ne voulaient pas que la femme eût à souffrir par la méchanceté des autres ; mais l’autre n’en était pas moins un parent. Après avoir longuement tergiversé, ils lui avaient finalement offert une somme qui lui permît de s’éloigner de la maison et, si possible, du village. La malheureuse cependant, son enfant étant encore très petite, préféra s’installer dans une cabane à l’orée du bois. C’est là qu’elle mit à profit l’art maternel, la préparation et la vente de sa liqueur et de décoctions médicinales ainsi que l’assistance à l’accouchement de femmes du peuple : le choix du métier fut la cause principale de son mal ; mais ne l’empêcha pas de se consacrer aussi au marché de passereaux qu’elle savait capturer avec des filets et garder vivants, en attendant les acheteurs, dans une grande cage.

      Pendant quatorze années, Elvira vécut plutôt tranquillement. Certains, à dire vrai, la traitaient de sorcière en blaguant ; mais elle ne souffrit pas de persécutions. Au contraire, elle eut quelques propositions de mariage. Elle cependant, dégoûtée par les hommes, les avait toutes refusées.

      Ã€ deux reprises, elle avait dû, au début, se défendre du frère du notaire qui, impénitent, s’était approché d’elle pour l’embrasser, sans pour autant y parvenir, de par la protection répétée de la femme. C’est ainsi qu’une rancune féroce avait grandi en lui, autant que son ardeur. Heureusement, ses parents lui avaient finalement trouvé, une charge respectable à Rome, et il s’en alla, la laissant en paix.

      Parmi les soupirants, il y eut même ce Remo Brunacci qui l’aurait ruinée, l’ivrogne du village, qu’elle avait constamment chassé en le moquant. Quand il s’était adressé au prêtre en déclarant, sous l’emprise du vin, avoir une érection par la magie d’Elvira, l’ecclésiastique avait compris qu’il ne s’agissait que d’ivresse et que l’abstinence était le remède. Il avait donc fait mine de contrôler entre les jambes de l’homme la disparition du vit puis, il avait enfermé Brunacci pour qu’il se débarrassât des fumées entre autre grâce à l’ascension de beaucoup d’eau : courante, et non bénite, contrairement à ce qu’il lui avait dit pour l’encourager. Il n’en avait pas prévu les conséquences. Le village avait commencé à se liguer contre Elvira, avant de réclamer haut et fort qu’elle fût capturée. Pire, le juge Astolfo Rinaldi, se trouvait au village en ce moment, en visite chez le notaire.

      Â« Rinaldi ! » fis-je écho, émerveillé d’entendre le nom de mon vieux supérieur, interrompant le récit du moribond.

      C’était lui le frère du notaire. Grâce aux puissants parents de la belle-sœur, il était parvenu au tribunal de Rome, où il avait fait carrière jusqu’au sommet. C’était sans doute lui-même, me demandai-je, qui avait mis la lettre anonyme dans l’urne désignée de l’Inquisition ? Par vengeance ? D’ailleurs, même le curé, épouvanté par la nouvelle situation et en particulier par quelques œillades que le juge lui avait décochées tout juste avant de repartir, avait à son tour présenté à la gendarmerie de la commune, sa dénonciation officielle, immédiatement transmise à la Ville. L’ecclésiastique, lâchement, avait craint pour sa propre vie, qu’il trouvait même cette issue très probable, qu’il n’aurait pas été le premier prêtre arrêté, torturé et condamné pour complicité en sorcellerie. J’étais au courant du reste et moi-même j’en avais tiré toutes les conséquences. Le curé, plein de remords d’avoir fait un faux témoignage, et par-dessus tout, juré devant Dieu, après le procès, avait modestement élu domicile dans la même petite pièce où avait été enfermé Brunacci, il avait endossé le cilice, s’était soumis à toutes sortes d’humiliations, avait renoncé à tout bien-être, fût-il le plus innocent. Au point de mourir, devenues futiles les craintes qui, même dans le remord, continuaient de le séduire, il avait finalement voulu m’avertir, parce qu’il était arrivé encore autre chose, cette fois à Marietta, la blonde et belle adolescente fille d’Elvira. Quand la troupe frappa, la mère, pressentant que quelque chose de mauvais était sur le point de se produire, avait caché Marietta sous le lit, après lui avoir enjoint de rester sans bouger ni broncher, quoiqu’il advint. Après que les inquisiteurs s’en furent allés avec Elvira, la jeune fille était sortie et, ne sachant pas qui avait emmené sa mère, elle s’était adressée au curé pour dénoncer un rapt. L’archiprêtre au courant de l’arrestation, n’avait par éclairci l’équivoque, au contraire il lui avait dit qu’il n’y avait plus rien à faire désormais : on savait bien que, pour ces choses, il n’y avait pas assez de gendarmes ! Et qu’elle garde le cœur en paix. Le jour même elle fut placée comme servante auprès de villageois. Cependant, après l’exécution de sa mère, Rinaldi était arrivé à Grottaferrata avec trois gardes du tribunal de la Ville, il avait appréhendé Marietta en prétextant un supplément d’enquête et l’avait emmenée à Rome. Sans doute avait-il voulu se venger d’Elvira en s’en prenant à sa fille ? Le curé me demanda d’ouvrir une enquête, par devoir de justice, et, si à la lumière de la loi, qu’il ne connaissait pas, il constatait un délit, de punir le coupable ; et si possible de découvrir le sort de la fille et, si elle était encore en vie, de la préserver de maux ultérieurs. C’était sa seule planche de salut.

      Je promis au mourant que je chercherais la justice de toutes mes forces.

      Le restant de la nuit, hébergé dans la riche et ancienne chambre à coucher du curé, malgré une literie des plus agréables et un matelas confortable, je ne fermai pas l’œil.

      Autour de minuit, le moribond rendit l’âme, j’entendais en effet, les prières du jeune prêtre ; mais je ne me levai pas pour me joindre à lui.

      J’éprouvais un grand sentiment d’abandon. Je n’aurais pas dû éprouver du remord pour l’injuste condamnation d’Elvira parce que j’avais agi, comme toujours, selon la loi et en conscience ; mais je ressentais une inquiétude désagréable et une légère nausée qui ne devaient pas me quitter avant le matin.

      Chapitre V

      Au lever du soleil, après avoir prié sur la dépouille de l’ecclésiastique, je repartis; et je repartis seul, sans attendre la garde. J’agis par impulsion, mais en y réfléchissant, je pense maintenant que, quoique m’ayant rationnellement disculpé, mon instinct désirait, au plus profond du danger que représentait ce retour solitaire, réclamer la punition. D’ailleurs j’avais un grand courage physique, que j’entretins durant toute ma vie; et je maniais parfaitement l’épée et la dague que, comme magistrat, j’avais le droit de porter. Mon père en СКАЧАТЬ